C’est ce qu’on appelle la doctrine de « l’ambiguïté stratégique ». Washington ne reconnaît diplomatiquement que la seule République populaire de Chine, mais s’engage par ailleurs à fournir à Taïwan l’aide militaire nécessaire -mais pas de troupes américaines – pour se défendre en cas d’invasion décidée par Pékin.
Depuis plusieurs décennies, cette ambiguïté est maintenue; elle a fonctionné jusqu’à présent. C’est à la fois un signal adressé à Pékin que les Etats-Unis ne resteraient pas les bras croisés, mais aussi un avertissement lancé à Taïwan contre toute forme de déclaration d’indépendance.
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Quel statut pour ce « yes » de Joe Biden?
Faux pas diplomatique, gaffe ou ballon d’essai? Ce n’est pas la première fois que Joe Biden a des déclarations fracassantes qui déstabilisent son entourage. On se souvient de ses propos sur Vladimir Poutine qui, disait-il, ne « pouvait pas rester au pouvoir ».
Les médias perçoivent de manière variée cette réponse mardi: un éditorialiste du Figaro salue la « grande clarification stratégique américaine ». Joe Biden, dit-il, est le premier président des États-Unis à lancer une politique claire, sans équivoque ni ambiguïté, d’arrêt de l’expansion stratégique chinoise.
Une déclaration qui enflamme les relations sino-américaines, estime pour sa part Politico. La Maison Blanche s’est empressée de clarifier les propos du président, mais ce type de déclaration pourrait en fait ouvrir la voie à un conflit dans le détroit de Taïwan.
Propos dénoncés à Pékin
The Economist, de son côté, voit deux explications possibles. La première serait une nouvelle gaffe de Joe Biden. Ou alors le président américain a conclu qu’il n’y avait rien à perdre à aller plus loin que la politique officielle dans l’engagement des États-Unis envers Taïwan. Compte tenu des très mauvaises relations avec la Chine actuellement, cela n’allait pas les aggraver de manière significative.
Sans surprise le Global Times, quotidien officiel chinois, dénonce les propos de Joe Biden. Non, il ne s’agit pas d’une gaffe, mais d’un signe supplémentaire qu’il veut vider de sa substance la politique « d’une seule Chine ». Les Etats-Unis utilisent la crise ukrainienne pour promouvoir l’ »indépendance » de facto de Taïwan. Attention, avertit le quotidien, ces plans se heurteront à une réponse très forte de la Chine.
Patrick Chaboudez/ebz