Valérie Niquet: „La Chine espérait faire des JO une grande fête à la gloire de sa puissance et de son dirigeant” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Avant d’ajouter: « Même s’il n’y a pas un boycott diplomatique et que la Chine peut se réjouir que tout le monde ne suivent pas les Etats-Unis, les délégations des grandes diplomaties seront d’un niveau limité. Il n’y aura pas de ministres des Affaires étrangères, de présidents… La France, par exemple, sera représentée par la ministre des Sports. »

Pour l’auteure du livre « La Chine en 100 questions« , ce boycott diplomatique est « très ennuyeux » pour Pékin, « puisque la Chine de Xi Jinping espérait faire de ces JO d’hiver une grande fête à la gloire de sa puissance et de son dirigeant ».

« Stratégie contre-productive »

L’image de la Chine, notamment depuis l’arrivée au pouvoir Xi Jinping, s’est « considérablement dégradée » dans l’ensemble des grandes démocraties, selon Valérie Niquet: « Plus de 70% de leurs habitants, selon des sondages, ont une image très négative de la puissance chinoise. C’est l’effet d’une stratégie assez agressive et offensive qui s’avère contre-productive en termes de perceptions de la Chine comme une opportunité positive. »

Le 20 janvier dernier, l’Assemblée nationale française a adopté une résolution dénonçant le « génocide » des Ouïghours par la Chine et demandant au gouvernement d’en faire de même. « Les choses vont de plus en plus loin, estime la sinologue. C’est assez exceptionnel qu’un parlement, et plus encore le parlement français, adopte une telle résolution, même si elle n’a pas de conséquences immédiates. »

Voir aussi l’analyse de Michael Peuker, correspondant de la RTS en Chine, dans le 19h30: Michael Peuker fait le point deux semaines avant la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin

« Déception » sur l’ouverture de la Chine

Le 8 août 2008, à la cérémonie d’ouverture des JO d’été de Pékin, le président des Etats-Unis George W. Bush ou encore le président français Nicolas Sarkozy étaient présents en tribunes.

Qu’est-ce qui a changé en quatorze ans? « Il y a eu une grande déception, observe la spécialiste de la Chine. Beaucoup pensaient que les JO de 2008 inauguraient une période d’ouverture de la Chine de plus en plus importante vers le monde extérieur. Avec l’arrivée de Xi Jinping, Pékin a fait, au contraire, le choix de la fermeture. »

Et de compléter: « Les dirigeants chinois ont très peur de voir leur pays évolué dans le sens de l’URSS avec un effondrement. Pour eux, c’est la principale menace qui pèse sur le Parti communiste. Ils ont donc choisi de reprendre fermement le contrôle à tous les niveaux. »

La Chine espérait que les JO de 2022 soient la réédition de ceux de 2008 « avec une image triomphante » du pays. « Et après le Covid-19 et les JO de Tokyo sans public, la Chine espérait que les JO d’hiver soient la marque de triomphe de Pékin sur le virus et le retour à la normale. On voit que ce n’est pas le cas, puisque l’épidémie n’est pas terminée et que même le pays, en dépit de sa politique ‘zéro Covid’, fait face à des confinements répétés », souligne Valérie Niquet.

Voir aussi le reportage « Chine, JO sous tensions » dans Geopolitis: Chine, JO sous tensions

Propos recueillis par David Berger/vajo