Une ex-secrétaire d'un camp de la mort prend brièvement la fuite avant son procès — Genève Vision, un nouveau point de vue

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L’accusée, qui vit dans une résidence pour personnes âgées près de Hambourg, doit être jugée par une Cour spéciale pour « complicité de meurtre dans plus de 10’000 cas », selon le Parquet.

Cette femme âgée avait réussi à s’enfuir en prenant un taxi, mais elle n’est pas allée loin. « Je peux dire que l’accusée a été retrouvée. Un médecin va établir sa capacité à être placée en détention et la Cour déterminera si le mandat d’arrêt peut être exécuté ou si elle est épargnée », a précisé la porte-parole du tribunal d’Itzehoe lors d’un point-presse.

Dactylographe des ordres d’exécution

L’accusation reproche à la nonagénaire d’avoir participé au meurtre de détenus dans le camp de concentration de Stutthof, dans la Pologne actuelle, où elle travaillait comme dactylographe et secrétaire du commandant du camp, Paul Werner Hoppe, entre juin 1943 et avril 1945.

Dans ce camp proche de la ville de Gdansk, où 65’000 personnes ont péri, « des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques » ont été systématiquement assassinés, selon le Parquet.

Selon l’avocat qui représente depuis des années des survivants de la Shoah, « elle a tenu l’ensemble de la correspondance du commandant du camp ». « Elle a aussi tapé à la machine les ordres d’exécution et de déportation et apposé ses initiales. »

Apte à comparaître

A l’issue d’une longue procédure, la justice avait estimé en février que la nonagénaire était apte à comparaître malgré son grand âge. Les auditions, prévues pour s’étaler jusqu’en juin 2022, devraient se limiter à quelques heures par journée d’audience.

La jurisprudence de la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, un gardien du camp de Sobibor en 1943, à cinq ans de prison ferme, permet désormais de poursuivre pour complicité de dizaines de milliers d’assassinats n’importe quel auxiliaire d’un camp de concentration, du garde au comptable.

agences/ami

Justice sans repos

La justice allemande continue de rechercher d’anciens criminels nazis encore en vie. Huit dossiers, impliquant notamment d’anciens employés des camps de Buchenwald et Ravensbrück, sont actuellement examinés par différents parquets allemands, a indiqué l’Office central pour l’élucidation des crimes du national-socialisme.

Ces dernières années, plusieurs procédures ont dû être abandonnées en raison de la mort des suspects ou de leur incapacité physique à être renvoyés devant des tribunaux. L’Allemagne a condamné ces dix dernières années quatre anciens gardes ou comptable des camps nazis de Sobibor, Auschwitz et Stutthof.

Cependant très peu de femmes impliquées dans la machinerie nazie ont été jugées, selon des historiens. Ces derniers estiment que quelque 4000 femmes ont officié comme gardiennes dans les camps de concentration.