Une commission du Congrès américain accuse la Suisse d'être „complice du dictateur Poutine” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Il y a quelque chose de sérieusement pourri en Suisse. Il y a soit de la criminalité, soit beaucoup d’incompétence dans les forces de l’ordre de ce pays », a ainsi déclaré Bill Browder, chef de la campagne mondiale justice pour Magnitsky.

Le Conseil fédéral outré

Ces accusations ont fait bondir le Conseil fédéral. Le chef de la diplomatie Ignazio Cassis a signifié son mécontentement aux Américains et a demandé des rectifications immédiates.

« Le gouvernement suisse rejette avec la plus grande fermeté les formulations utilisées (…) La Suisse met en vigueur l’ensemble des sanctions qui ont été décidées par le Conseil fédéral et par l’UE. En matière d’application des sanctions, la Suisse n’a en comparaison internationale pas à rougir de la manière dont elle fait les choses, » a réagi le gouvernement suisse par la voix de son porte-parole André Simonazzi.

La surprise est d’autant plus grande que du côté russe, au contraire, la Suisse ne semble pas être considérée comme complice. Dans une lettre envoyée à l’émission Temps Présent, l’ambassadeur russe en Suisse Sergueï Garmonine qualifie ainsi de « profondément regrettable » la reprise des sanctions européennes.

Lire: En colère contre la Suisse, la Russie promet une « réponse appropriée »

Des critiques à relativiser

Il faut toutefois relativiser l’importance de cette commission qui ne reflète pas la position du Département d’Etat. Le président américain Joe Biden lui-même a salué le régime de sanctions mises en place par la Suisse à l’endroit de la Russie.

Mais il n’en demeure pas moins que les experts rassemblés se sont montrés très critiques vis-à-vis de la Suisse. Alors que l’image de paradis fiscal continue de coller à la Suisse, ils accusent le Ministère public de la Confédération d’être totalement impuissant dans les affaires de corruption. Ils estiment aussi que les avocats continuent de jouer un rôle très important dans la mise en place de structures de trusts pour cacher les fortunes russes.

Voir l’analyse de l’ONG Public Eye

Ils évoquent également les 200 milliards de francs de fonds russes détenus dans les banques suisses, alors que 7,5 milliards sont aujourd’hui bloqués par la Suisse, ce qui correspond à la liste des personnes sanctionnées.

Les explications de Gaspard Kühn dans le 19h30

Voir aussi: Bill Browder: « La Suisse est le maillon faible lorsqu’il s’agit de sévir contre la Russie »

Céline Brichet/lan