Un site ukrainien veut sensibiliser les Russes au sang versé sur le front par leurs proches — Genève Vision, un nouveau point de vue

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C’est dans ce contexte que des Ukrainiens ont décidé de créer un site web, Karta-Mira, dans le but d’aider celles et ceux qui le souhaitent à contourner la censure en leur fournissant de l’information en provenance du front.

Informations vérifiées sur le terrain

On trouve sur le site une carte qui répertorie les pertes matérielles ou humaines de l’armée russe. Chaque point sur la carte renvoie vers des détails sur ces pertes, souvent complétés par des photos ou des vidéos issues directement de l’armée ukrainienne ou des réseaux sociaux. On y voit des chars et autres véhicules détruits, des soldats russes capturés ou parfois morts. Non-censurées, les images sont parfois très explicites.

Le créateur du projet Viktor Shkurba et son équipe étaient communicants avant la guerre, pas journalistes. Ils se chargent cependant de croiser leurs sources et d’authentifier les informations. « Quand on localise une vidéo ou une photographie, nous essayons de contacter les gens qui viennent de ces régions ou de ces villes. Notre agence comporte plus de 70 personnes. Nous pouvons donc facilement trouver quelqu’un de n’importe quelle région qui peut nous aider à vérifier si une information est correcte ou non », explique Viktor Shkurba.

Si Karta-Mira est tenu par des partisans du camp ukrainien, il est spécialement pensé pour atteindre la population russe. Les informations sont sélectionnées pour un public qui reçoit habituellement une information triée, selon Viktor Shkurba. « Ils ont créé ce bouclier de propagande qui les protège de toute information négative », estime-t-il.

Parler aux Russes « par tous les moyens »

Pour cet activiste, il n’est donc pas judicieux de montrer des enfants ukrainiens tués ou des villes détruites par des bombardements. « Ils n’y croient pas », répète-t-il. « Mais ce à quoi ils croient, c’est aux soldats russes morts. Ils croient aux images de soldats russes capturés également. Et si nous avons décidé de créer une carte pour montrer les photos et les vidéos, c’est parce que nous pensons que les Russes ne croiront l’information que s’ils constatent d’où viennent les soldats ».

Afin d’atteindre la population russe, l’équipe du site doit ruser. Il devient de plus en plus difficile d’outrepasser la censure d’internet. « Au début, on utilisait des sites comme Facebook, Instagram ou Youtube. Les autorités russes les ont fermés maintenant », explique Viktor Shkurba. « Officiellement, je peux vous dire que nous utilisons des messageries. Nous cherchons toutes les possibilités. On utilise même des applications de rencontre afin d’entrer en contact avec les proches des soldats russes en Ukraine », poursuit-il.

Si Viktor Shkurba cherche par tous les moyens à parler aux Russes, c’est parce qu’il croit fermement qu’informer la population, lui faire prendre conscience de l’ampleur de la guerre, peut avoir une influence sur la suite du conflit. « Si les parents et les proches des militaires russes essaient d’agir, de faire pression au niveau local, cela accélérera certainement l’arrêt de toute cette folie », espère-t-il.

Philéas Authier/jop

L’Ukraine doit cesser de violer les droits des prisonniers russes, dit Human Rights Watch

L’ONG Human Rights Watch a demandé jeudi à l’Ukraine de cesser de mettre en scène les prisonniers de guerre russes, car cela viole les conventions de Genève.

« Les autorités ukrainiennes devraient cesser de poster sur les réseaux sociaux et messageries des vidéos de soldats russes prisonniers pour les exposer en public, notamment ceux qui sont humiliés ou menacés », détaille un communiqué.

« De tels traitement infligés aux prisonniers de guerre violent les protections prévues par les conventions de Genève » sur le droit international humanitaire, ajoute l’ONG.