Trump, nouvelle frayeur pour l’Europe — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Il n’a pas la partie gagnée. Mais il ralliera des foules. Il reste populaire comme l’a montré il y a quelques jours le CPAC, la convention annuelle des conservateurs. Aujourd’hui, il mène la course en tête chez les Républicains. Surtout, Trump est l’inventeur du trumpisme, interprétation très personnelle du populisme.

Le mouvement s’est inscrit dans la durée. Il se nourrit de la méfiance envers les élites, il se conforte dans les théories complotistes, il accepte volontiers les fausses informations, ne serait-ce que par bravade, et pour désespérer les sachants. Les partisans MAGA (Make America Great Again) vont compter, et ils adorent Trump.

L’élection présidentielle américaine de novembre est ainsi un nouveau test pour la démocratie. Le vieux Joe pourra-t-il résister ? L’opinion lui rendra-t-il justice de son bilan ? Pas si mauvais, plus flatteur que celui d’Obama, osent certains. Lui reprochera-t-on son âge ? Car s’il doit à nouveau faire face à Donald Trump, ce sont toutes ces questions qui lui seront posées.

Un automne crucial pour les États-Unis, et un enjeu décisif pour l’Europe aussi. Donald Trump veut cesser tout soutien à l’Ukraine. Il est prêt à l’abandonner à son destin, il juge que l’indépendance de ce pays lointain ne présente pas beaucoup d’intérêt. Le régime fort d’un Poutine le fascine davantage. L’élection présidentielle sera donc décisive pour l’avenir de l’Ukraine, et plus généralement pour l’Europe, qui pourrait se retrouver contrainte à nouveau à voir le continent occupé, comme au temps les plus tristes du « bloc soviétique ».

« Avec moi, l’affaire serait réglée en moins de vingt-quatre heures », a dit Trump, bravache, évoquant la guerre en Europe, jouant sur la peur distillée en continu par Moscou, et de plus en plus véhiculée chez ceux qui abandonnent l’Ukraine, sous couvert de bons sentiments.

L’Amérique devra décider si elle souhaite une nouvelle ère de cris et de fureurs, ou si elle s’accommode d’un père tranquille. L’Europe, elle, regardera avec effroi une partie de son sort se jouer là-bas.

André Crettenand