Symboles néofascistes, slogans anti-république, intimidations: quelle est cette ultradroite française? — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Hunderte vermummte Neonazis marschierten am 6. Mai 2023 durch #Paris. Anlass des Aufmarsches war der Todestag des Neofaschisten Sébastien Deyzieu. Zu den Organisatoren gehörte u. a. die militante neofaschistische „Groupe union défense“ (GUD), die 2022 reaktiviert wurde. pic.twitter.com/QDijStWrTo

— democ. (@democ_de) May 7, 2023

Face à la polémique ne dégonflant pas, le gouvernement a ensuite annoncé l’interdiction de toute manifestation d’ultradroite. Plusieurs rassemblements prévus le week-end passé ont ainsi été interdits. Une décision du tribunal administratif de Paris a toutefois autorisé une manifestation du mouvement royaliste Action française.

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Du royalisme…

L’ultradroite est composée de divers mouvements aux idéologies disparates et changeantes. Le mouvement Action française, qui milite pour l’abolition de la république et le retour à la monarchie, est l’un des principaux groupes de l’ultradroite française.

Dimanche, lors de sa manifestation autorisée, près de 500 militants ont ainsi défilé derrière une banderole à la gloire de Jeanne d’Arc. Composés à majorité d’hommes, les activistes étaient pour certains coiffés de bérets ou munis de brassards bleu-blanc-rouge. Des slogans comme « Action? Française! Vive le roi » ou « Jeanne d’Arc à Paris, à bas la république » ont été entonnés.

Souvent jugée « trop molle » par les militants les plus radicaux, l’Action française peut être considérée comme une porte d’entrée pour les personnes séduites par les idées de l’ultradroite.

…au néofascisme

D’autres groupes plus radicalisés et plus violents se rapprochent – voire adoptent totalement – une idéologie néofasciste qui, comme son nom l’indique, reprend les idées fascistes d’avant-guerre. A ce titre, plusieurs membres du Comité du 9-Mai ont arboré lors de leur marche la croix celtique, symbole néofasciste par excellence.

La Croix celtique est un symbole néofasciste. [Wikipedia]

A la fin du rassemblement, les manifestants ont scandé « Europe jeunesse révolution », le slogan du Groupe Union Défense (GUD), une organisation qui a la croix celtique pour emblème et qui est réputée pour ses actions violentes. Elle a notamment été très active dans les années 1970.

Ces groupes se font et se défont au gré des dissolutions prononcées par l’Etat. La dernière dissolution importante en date a été celle du groupe Génération identitaire, qui a donné naissance à plusieurs groupuscules qui ont tendance à se montrer de plus en plus violents.

Le nombre de militants de l’ultradroite est estimé entre 2000 et 3000 en France, dont un bon millier qui sont considérés comme une menace sérieuse par les services de renseignement.

Quelle différence avec l’extrême droite?

Aussi divers soient-ils, ces mouvements partagent des bases idéologiques communes autour des valeurs traditionnelles et nationalistes. Mais contrairement à l’extrême droite, l’ultradroite ne participe pas à la politique institutionnelle. Une autre différence entre les deux mouvements est l’usage récurrent de la violence par l’ultradroite contre ses adversaires idéologiques.

Récemment, plusieurs intimidations envers des maires ont suscité une vive émotion dans l’Hexagone. Le maire de Saint-Brévin-Les-Pins Yannick Morez a annoncé début mai sa démission suite à l’incendie de sa maison. Des menaces à répétition lui reprochaient son soutien à un projet de centre d’accueil pour réfugiés.

Une polémique semblable, également liée à un projet d’accueil de réfugiés, a eu lieu à Callac, un petit village breton. L’élu Patrick Morset explique avoir reçu plusieurs menaces de mort et subi des agressions physiques. Le projet a finalement été abandonné.

Lire en détail: Les intimidations et violences à l’encontre des élus locaux augmentent en France

Un continuum?

Invité dans l’émission Forum, le journaliste du site d’investigation Streetpress et spécialiste de l’extrême droite Christophe-Cécil Garnier explique que la distinction entre ultradroite et extrême droite est poreuse. « On n’utilise pas le terme ‘ultradroite’ à Streetpress », assène-t-il d’emblée.

« Quand on parle de l’ultradroite, on parle de l’extrême droite extra-parlementaire violente. Mais pour nous, il y a un continuum entre (…) le parti Reconquête d’Eric Zemmour ou le Rassemblement national de Marine Le Pen, et l’extrême droite extra-parlementaire violente qui se retrouve dans la manifestation néofasciste qui a eu lieu le 6 mai. »

Marine Le Pen a toutefois condamné cette manifestation. Mais pour Christophe-Cécil Garnier, cela n’est qu’un pur calcul politique. « Elle a bien vu le danger politique que ça pouvait représenter, à un moment où cette extrême droite extra-parlementaire devient de plus en plus violente. »

Et de préciser: « Les liens entre Marine Le Pen et le Comité du 9-Mai ont été établis par des journalistes de Mediapart qui ont pris en photo des membres assez proches du Rassemblement national et de Marine Le Pen. »

Christophe-Cécil Garnier conclut: « Il y a aujourd’hui, dans des postes très proches de Marine Le Pen, ces personnes qui ont toujours fait partie de cette galaxie. »

L’interview dans Forum de Christophe-Cécil Garnier dans Forum: Christophe-Cécil Garnier s’exprime sur les mouvements d’ultra-droite

Antoine Schaub

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