Souvent qualifiés, les réfugiés ukrainiens peinent à trouver un job à la hauteur de leurs compétences — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Ce serait parfait de trouver un travail dans mon domaine, bien sûr, mais tant que mon fils, ma belle-mère et moi-même sommes en sécurité, je suis prête à accepter n’importe quel job. Je verrai bien ce que je ferai après ». À Kiev, elle travaillait pour une fondation caritative et avait sa propre entreprise d’événementiel.

« J’imagine que pour elle c’est frustrant, et pour moi aussi. J’aimerais bien leur donner des tâches à la hauteur de leur niveau d’études », a témoigné mercredi dans le 19h30 de la RTS Alain Meuwly, directeur de l’hôtel Bel’Espérance. « D’ailleurs, la majorité souhaite retourner en Ukraine pour continuer à travailler. Malheureusement pour la Suisse, on ne pourra pas garder tous ces cerveaux ici ».

Réfugiés très qualifiés

Les réfugiés ukrainiens sont très qualifiés, montre une enquête menée par l’entreprise JobCloud. Trois quarts d’entre eux sont des femmes. Leur âge moyen est d’environ 36 ans, et trois quarts encore ont un diplôme universitaire ou d’une haute école.

« Est-ce que la situation, qu’on espère voir s’arrêter le plus vite possible, va les amener à revenir dans leur pays plus rapidement? Ce manque de visibilité fait probablement que les Ukrainiens sont prêts aussi à prendre des jobs éloignés de leurs compétences, et qu’ils le feront avec beaucoup d’enthousiasme. Il y a une envie de travailler, de ne pas être à la charge de la société helvétique », indique Olivier Maillard, chef de projet à JobCloud.

Plus de la moitié parle anglais

Autre élément important: plus de la moitié parle anglais. C’est le cas d’Anastasia Rebus, qui avait sa propre école de langue à Dnipro. En attendant de trouver un job, elle s’engage bénévolement.

« Les gens ont besoin de nous faire confiance et ça prend du temps. Je pense que c’est normal d’accepter un poste moins qualifié, mais avec des possibilités d’évolution. Et ça, il faut négocier dès le début avec l’employeur. »

Du temps, il en faut aussi pour décrocher un permis S. En ce moment, de nombreux employeurs attendent que leurs nouvelles collaboratrices obtiennent le précieux sésame, porte d’entrée vers le monde professionnel.

Julien Chiffelle/fgn