Sous sanctions, le gendre de Sergueï Lavrov a des liens avec Genève — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Discret, Alexander Vinokurov n’en est pas moins un homme du « premier cercle ». En 2007, il a épousé la fille d’un compagnon de longue route de Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov. Ce dernier est ministre des Affaires étrangères depuis 18 ans.

Le jeune entrepreneur tirait une certaine fierté de sa proximité avec ce rouage du pouvoir russe. En 2018, il déclarait à propos de son beau-père, au magazine Forbes: « Je suis fier de ma relation avec Sergueï, et j’essaie de prendre exemple sur lui en tout ».

Le 24 février dernier, le quadragénaire faisait partie de la quarantaine d’hommes d’affaires à qui le président russe a détaillé l’opération ukrainienne. Aujourd’hui, le jeune oligarque se trouve en conséquence sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne et la Suisse.

Affaires familiales

Les richesses d’Alexander Vinokurov proviennent en partie de la fortune accumulée par son père, Semyon, qui a été longtemps à la tête d’une entreprise pharmaceutique d’Etat, avant de se lancer dans le secteur privé.

Semyon Vinokurov est, d’ailleurs, mentionné dans les motifs des sanctions édictées contre Alexander. Selon la presse russe, père et fils auraient œuvré ensemble pour approvisionner le marché national après les sanctions suivant l’annexion de la Crimée en 2014.

Appartement genevois

Le cas Vinokurov pourrait préoccuper les autorités suisses. Les affaires ont conduit Semyon Vinokurov à Genève, où il a administré deux sociétés, entre 2006 et 2019. Il y a aussi acquis un vaste appartement pour 2,3 millions de francs en 2007. TTC s’est rendu sur place et a constaté que la boîte aux lettres porte toujours la mention « Famille Vinokurov ».

D’après un voisin qui a tenu à garder l’anonymat, Semyon Vinokurov serait régulièrement présent à son domicile. Il serait, toujours selon la même source, « un homme très discret, parlant uniquement russe et anglais ».

Ce bien pourrait-il être concerné par les mesures restrictives adoptées par la Suisse? Consultées par la RTS, les autorités genevoises renvoient vers le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), responsable des sanctions.

La question des patrimoines familiaux

Selon nos informations, l’office fédéral collecterait actuellement des données sur les avoirs des personnalités russes sous sanctions. Contacté, le SECO n’a pas fourni plus de détails. Quant à savoir si le patrimoine de personnes apparentées aux individus listés pourrait être concerné, la réponse demeure circonstancielle: « il faut vérifier au cas par cas s’il existe une ‘propriété’ ou un ‘contrôle’ d’une personne sanctionnée ».

Impossible, en l’état, de savoir si les biens du père d’Alexander Vinokurov sont ciblés par une procédure. La question s’étend d’ailleurs à certains héritiers d’oligarques sanctionnés, dont certaines résidences se trouvent également à Genève.

Yann Dieuaide avec Tybalt Félix