„S'attaquer à tout le Donbass sera très compliqué pour les Russes” — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

« Les objectifs de départ de la Russie, qui étaient de ‘démilitariser’ et ‘dénazifier’ l’Ukraine, en pensant que le pays allait tomber en quelques jours, ne se sont pas réalisés », résume Jean-Marc Rickli, directeur des risques globaux et de la résilience au GCSP de Genève, mardi dans La Matinale. Le Kremlin a donc « redimensionné » ses plans avec pour objectif de s’emparer du Donbass.

Le suivi de la guerre en Ukraine: Les forces russes sont passées à l’offensive dans le Donbass, où les combats font rage

Marioupol, un point central

Les troupes ukrainiennes dans le Donbass dépendent fortement de la liaison avec l’est du pays pour la logistique. « L’idée est d’encercler les troupes ukrainiennes – qui sont les forces les plus aguerries et qui se battaient dans le Donbass depuis 2014 – afin de couper leur ravitaillement et de les éliminer petit à petit », explique Jean-Marc Rickli.

Marioupol sera un point central dans la stratégie russe. « Si Marioupol tombe, les Russes pourront dégager des forces – 10’000 soldats – pour faire la jonction avec les troupes qui viennent depuis le nord, Izium », note-t-il. Pour le spécialiste, s’attaquer à tout le Donbass sera « très compliqué » pour les Russes.

Jean-Marc Rickli, directeur des risques globaux et de la résilience au GCSP de Genève

Jean-Marc Rickli écarte l’idée d’une guerre éclair: « Ce qu’on risque de voir, c’est une guerre de positions et elle risque de durer très longtemps si les Russes n’arrivent pas à couper l’axe de soutien des Ukrainiens. » Il n’exclut pas un scénario comme entre 1914-1918 avec des mouvements « très très faibles ».

Comme avec la Crimée

Au final, pour Jean-Marc Rickli, l’idée pour la Russie est de réitérer ce qu’elle a fait en Crimée en 2014: contrôler entièrement le Donbass pour faire un référendum afin de proclamer la région indépendante, puis d’envisager un rattachement à la Russie.

Propos recueillis par Valérie Hauert/vajo

Ecoutez aussi l’analyse de Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, à Paris