Chaque année depuis 2019, le sommet des jeunes activistes récompense des filles et des garçons de moins de 30 ans œuvrant des quatre coins du monde pour les droits humains ou l’environnement. La RTS a pu rencontrer trois des cinq lauréats primés ce jeudi au Palais des Nations à Genève lors de la 5e édition de l’événement.
Deux garçons et trois filles, ils ont tous les cinq moins de 30 ans. Des quatre coins du monde – que ce soit du Soudan, du Burkina Faso ou de Colombie -, ils militent activement pour la défense des droits humains ou la protection de l’environnement.
12h45 / 2 min. / 16.11.2023
Ce jeudi après-midi, au Palais des Nations à Genève, le Young Activists Summit (ou Sommet des jeunes activistes) les a récompensés. Co-organisé par l’ONG dev.tv, l’Office des Nations unies à Genève, la RTS et sa plateforme Genève Vision, ainsi que par l’IHEID, l’événement vise à renforcer la paix, la tolérance interculturelle et la coopération internationale.
« C’est une grande responsabilité. Je ne parle pas seulement en mon nom, je représente 42 millions de Soudanais, et plus de 100’000 activistes du climat dans le monde », témoignait peu avant le coup d’envoi du sommet au micro du 12h45 l’une des cinq lauréats, Nisreen Elsaim. Originaire du Soudan, elle porte deux combats – celui du climat et de la paix – dans un pays ravagé par la guerre et sorti des radars médiatiques.
Malheureusement, le changement climatique ne s’arrête pas quand il y a la guerre. Au moment où l’on parle, il y a des inondations au Soudan.
Nisreen Elsaim, jeune lauréate originaire du Soudan
Alors qu’elle est tombée dans ce combat il y a 11 ans, elle clame haut et fort les liens entre climat et conflits. « Le changement climatique crée des conflits autour des ressources naturelles elles-mêmes: l’eau, les terres, l’agriculture. Il crée aussi des conflits quand les populations migrent, car là où elles vont, les communautés ont déjà leurs ressources qui s’épuisent. »
A cause de la guerre, Nisreen a dû fuir le Soudan avec son petit garçon d’un an, sans arrêter son combat. « Malheureusement, le changement climatique ne s’arrête pas quand il y a la guerre. Au moment où l’on parle, il y a des inondations au Soudan. »
Autre jeune activiste récompensée ce jeudi: Roshni Perween. D’origine indienne, elle porte, elle, les séquelles et le combat de millions de jeunes filles. A 13 ans, elle est mariée de force à un homme de 45 ans. Violée, maltraitée et vendue, elle s’est retrouvée seule dans une société figée dans les traditions.
« Quand j’ai réussi à fuir, j’ai été jetée dehors par mes propres parents. C’est la culture dans ma communauté de se marier si jeune. J’ai cassé les codes de la tradition et ça n’a pas été accepté. Je suis tombée en dépression et personne ne m’a aidée », raconte-t-elle également au micro du 12h45.
Je veux mettre en place un programme avec des représentants des communautés, du gouvernement, des femmes officielles. Mettre en place des moyens de subsistance, de protection sociale, d’éducation pour ces filles victimes.
Roshni Perween, jeune lauréate originaire d’Inde
C’est pour ne plus laisser aucune fille seule dans le cauchemar physique et psychologique qu’elle a vécu que Roshni s’est dédiée entièrement à ce combat. « Sauver les filles au cas par cas – ce que j’ai fait -, ce n’est pas suffisant. Je veux mettre en place un programme avec des représentants des communautés, du gouvernement, des femmes officielles. Mettre en place des moyens de subsistance, de protection sociale, d’éducation pour ces filles victimes. »
La reconnaissance de son engagement aujourd’hui va lui donner, elle l’espère, les moyens de ses ambitions.
De son côté, Maïmouna Ba n’a que 27 ans, mais elle dirige déjà une association qui offre une éducation aux milliers d’enfants et de femmes qui ont dû fuir les massacres dans son pays, le Burkina Faso. Elle-même est une rescapée, avec une partie de sa famille, du massacre de Yirgou en 2019 lors de l’insurrection djihadiste dans son pays. Elle vit désormais à Dori au nord-est du Burkina Faso, à la frontière du Niger.
Le portrait de Maimouna Ba dans le 19h30
Avec son association Femmes pour la Dignité du Sahel (FDS), elle aide les personnes déplacées comme elle à redémarrer une nouvelle vie. Instruire les enfants, former les femmes, Maïmouna reste convaincue que c’est l’antidote à la pauvreté et à l’enrôlement dans les groupes djihadistes.
J’ai l’impression que l’Afrique semble s’être oubliée. Car en termes de potentiel, nous sommes le continent le plus jeune. Il faut que les jeunes se réveillent et posent des actions.
Maimouna Ba, jeune lauréate originaire du Burkina Faso
« L’éducation est une clé pour lutter contre l’obscurantisme et pour changer le monde », insiste-t-elle au micro du 19h30 ce jeudi. « Je ne suis jamais découragée. Les petites actions font de grandes différences. Nos petites actions comptent. » Et elle reste convaincue que l’Afrique a tout entre ses mains pour aller de l’avant. « J’ai l’impression que l’Afrique semble s’être oubliée, car en termes de potentiel, nous sommes le continent le plus jeune. Il faut que les jeunes se réveillent et posent des actions. »
Lauréate 2023 du Sommet des jeunes activistes, elle est désormais un acteur du bonheur récompensée pour son investissement.
L’entretien complet de Maimouna Ba dans le 19h30
Sujet TV: Solène Grippon, Estelle Braconnier, Philippe Revaz
Adaptation web: Fabien Grenon