Référendums d'annexion annoncés dans l'est et le sud de l'Ukraine — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Ces votes, sur le modèle de celui qui a formalisé l’annexion de la péninsule de Crimée (sud) par la Russie en 2014, dénoncée par Kiev et les Occidentaux, font l’objet de préparatifs depuis plusieurs mois.

Les dirigeants séparatistes de Lougansk ont annoncé les premiers que le scrutin aurait lieu cette semaine, sur quatre jours à partir de vendredi. Ils ont été suivis du dirigeant séparatiste de Donetsk et des chefs de l’occupation de Kherson et de Zaporijjia. Tous ont demandé à Vladimir Poutine de reconnaître les résultats du vote.

Le calendrier semble s’être accéléré avec la contre-offensive ukrainienne qui a forcé l’armée russe à la retraite dans le nord-est du pays. Des responsables russes évoquaient jusqu’alors la date du 4 novembre, jour de l’unité nationale russe.

Les précisions d’Antoine Silacci dans le 19h30

Contre-offensive ukrainienne

Ces annonces interviennent après les revers russes de début septembre, l’armée de Moscou se retirant de la région de Kharkiv face à la pression des forces de Kiev, fortes des approvisionnements d’armes et équipements occidentaux.

L’armée ukrainienne mène aussi une contre-offensive sur la région de Kherson dans le sud et une autre en direction de la région de Lougansk.

Réactions internationales

Le chancelier allemand Olaf Scholz juge que « ces référendums fictifs ne sont pas acceptables ».

Le président français Emmanuel Macron a lui fustigé devant l’Assemblée générale des Nations unies « un retour à l’âge des impérialismes et des colonies », peu après avoir qualifié les scrutins annoncés de « parodie ».

De son côté, l’Otan dénonce « une nouvelle escalade » dans la guerre.

Les Etats-Unis déclarent qu’ils ne reconnaîtront « jamais » les territoires annexés par la Russie, une Russie qui organiserait « hâtivement des simulacres de référendums ».

Dissuasion nucléaire ?

Certains commentateurs ont évoqué le spectre d’une guerre nucléaire si la Russie annexait ces territoires et si le Kremlin considérait alors que la guerre avait lieu sur son sol.

Mardi matin, l’ex-président Dmitri Medvedev et actuel numéro deux du Conseil de sécurité russe avait jugé que les « référendums » d’annexion rétabliraient une « justice historique », le Kremlin considérant l’Ukraine comme historiquement russe. « Empiéter sur le territoire de la Russie est un crime et s’il est commis, cela vous permet d’utiliser toutes les forces de légitime défense », a-t-il menacé.

Pour l’analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, la tenue de ces votes signifie que Poutine veut s’arroger « le droit d’utiliser l’arme atomique pour défendre le territoire russe ».

Margarita Simonian, la patronne de la chaîne télévisée russe RT, a elle jugé que cette semaine sera soit « l’antichambre de notre victoire imminente » soit celle « de la guerre nucléaire ».

Julien Furrer avec afp/ats