Pékin critique violemment le Conseil fédéral — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

Une telle réaction est exceptionnelle de la part d’un représentant chinois. Il y a certes eu la colère du président Jiang Zemin, excédé face aux manifestants pro-Tibet aux abords de la place fédérale qui avait mouché le Conseil fédéral lors de sa visite officielle en 1999. Mais c’était une autre époque et un tout autre contexte international.

Cette fois, la réaction de l’ambassadeur de Chine fait écho aux attaques dont les représentations chinoises sont coutumières à l’étranger. Mais la Suisse avait jusqu’ici été préservée de l’agressivité diplomatique de Pékin.

Cette offensive a été provoquée par la présentation vendredi par le Conseil fédéral de sa stratégie sur la Chine pour la période 2021-2024.

Chine, troisième partenaire économique

Dans ce document, le gouvernement suisse précise vouloir soigner ses relations avec la Chine, le troisième partenaire économique de la Confédération. Il se voit en constructeur de ponts. La stratégie se veut pragmatique à un moment où, à Pékin, les tensions montent avec Washington et Bruxelles.

Même si le Conseil fédéral y critique l’état des libertés et des droits fondamentaux en Chine, critiques qu’il ne pouvait pas éviter face à la population et au Parlement, le rapport est très modéré. Aucun mécanisme de pression en matière de droits humains, hormis le dialogue, n’est inscrit. Rien de bien révolutionnaire, admettait vendredi le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis face aux critiques de la gauche et des ONG, misant sur « mieux vaut un dialogue compliqué que pas de dialogue du tout ».

Des relations tendues

Mais pour Pékin, le Conseil fédéral émet de fausses accusations et fait preuve de malveillance, selon son ambassadeur. La Suisse doit faire davantage pour entretenir l’amitié entre Berne et Pékin.

Plutôt que de laisser couler ce rapport destiné avant tout au Parlement et à l’opinion publique suisse, la Chine via son ambassadeur attise les flammes. Un genre de réaction plutôt attendu des représentations chinoises en France, aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, mais pas en Suisse.

Après les relations très tendues entre les représentants de Pékin et Washington réunis en Alaska la semaine passée et les sanctions de Bruxelles contre Pékin pour la répression au Xinjiang, la Chine est sur la défensive. Les fronts se durcissent entre la Chine et l’Occident. La Suisse espérait échapper au phénomène. Elle n’y arrivera peut-être pas.

mp/lan