Le réchauffement climatique se fait sentir et les événements extrêmes deviendront plus fréquents. Dans « Tout un Monde » de la RTS, l’ex-vice-président du GIEC Jean Jouzel appelle à prendre au sérieux les prévisions des scientifiques.
Un dôme de chaleur recouvre l’Europe, où des températures proches des records sont enregistrées pour un mois de mai. La sécheresse aussi sévit et met en danger les récoltes.
Cette situation ne surprend pas le climatologue Jean Jouzel, interviewé mercredi dans l’émission Tout un monde de la RTS. Pour l’ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), « ce que nous vivons aujourd’hui en terme de rythme de réchauffement, d’élévation du niveau de la mer, d’intensification des événements extrêmes, c’est ce que le GIEC envisageait dans ses rapports successifs ».
Tout un Monde / 8h14 / 10 min. / 18.05.2022
Pour le scientifique, le fait que le GIEC ne se soit pas trompé doit nous inviter à prendre très au sérieux ses prévisions pour les années à venir.
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« La perception du réchauffement climatique ne se fait pas à travers la température moyenne mais à travers les événements extrêmes », rappelle Jean Jouzel. Dans nos régions, on s’expose à des pics de chaleurs plus intenses et plus fréquents. Ces événements seront accompagnés de sécheresses. Les pluies torrentielles, comme celles survenues en Belgique et en Allemagne l’été passé, seront également plus habituelles.
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Les « bombes carbones » sont des exploitations pétrolières ou minières en activité ou en passe de le devenir. Selon une étude récente, plus de 400 « bombes carbones » seraient prêtes à être dégoupillées. Jean Jouzel explique que si les investissements actuellement engagés dans les énergies fossiles, dont une grosse partie sont des subventions, sont maintenus, nous irions vers des réchauffements très importants.
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Pour l’ancien vice-président du GIEC, la raison de l’incohérence entre l’urgence climatique et ces investissements est claire: c’est l’appât du gain. « L’économie a toujours pris le pas sur l’écologie », déplore-t-il.
« Si l’on veut maintenir le réchauffement climatique à 1,5 degré, il faut laisser l’essentiel des combustibles fossiles dans le sol ».
Jean Jouzel
Le scientifique observe pourtant que ce message n’est pas audible du côté des exploitants.
Une part du changement climatique est déjà irrémédiable. Dans nos régions, on peut s’attendre à un réchauffement d’un degré d’ici 2050. La hausse des températures est particulièrement marquée dans les régions montagneuses.
Pour Jean Jouzel, « l’adaptation doit donc aller de paire avec la lutte contre le réchauffement ». Le but de l’accord de Paris est de prendre des mesures pour que les jeunes d’aujourd’hui puissent s’adapter au climat de la deuxième partie de ce siècle.
Le scientifique rappelle que la flore et la faune souffrent aussi du réchauffement. La végétation, par exemple, ne peut s’adapter que si la montée des températures est lente.
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Propos recueillis par Blandine Levite
Adaptation web: Juliette Jeannet