Neuf pays veulent décupler la capacité des éoliennes en mer du Nord

24 avril 2023

Un sommet réunit lundi en Belgique neuf pays d’Europe pour sceller leur ambition commune de décupler leurs capacités d’éoliennes en mer du Nord, un défi industriel colossal pour accélérer la décarbonation du continent.

Les dirigeants de sept pays de l’Union européenne (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Irlande, Danemark et Luxembourg – grand financeur de projets), de la Norvège et du Royaume-Uni sont présents à ce sommet à Ostende, qui vise à développer les champs d’éoliennes, les infrastructures de connexion, les chaînes industrielles et les projets d’hydrogène vert. Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont notamment fait le déplacement.

Le 12h30 / 2 min. / 24.04.2023

Plus que de partenariats précis, il s’agit de coordonner les politiques nationales, a expliqué devant la presse la semaine dernière le Premier ministre belge Alexander De Croo, à l’initiative du « sommet mer du Nord ».

« L’essentiel n’est pas tant d’énoncer des objectifs ambitieux que la rapidité d’exécution », a-t-il indiqué, appelant à renforcer « la normalisation » technologique pour construire plus vite et à « mieux aligner les appels d’offres » pour ne pas saturer les chaînes d’approvisionnement.

Des capacités à développer

« Ensemble, l’ambition est d’environ 300 gigawatts (GW) d’ici 2050 », a encore affirmé Alexander De Croo. C’est dix fois plus que les capacités actuellement installées. La prévision pour 2030 est d’au moins quadrupler le parc actuel, a-t-il ajouté.

Si le Royaume-Uni compte 14 GW d’éolien en mer et l’Allemagne 8 GW, les capacités du Danemark, de la Belgique et des Pays-Bas s’établissent entre 2 et 3 GW, et celles en France et Norvège à environ 0,5.

« Les ordres de grandeur sont gigantesques (…) Chez nous comme chez nos voisins, l’éolien en mer sera vraisemblablement entre 2030 et 2050 la principale source de production d’énergie renouvelable, loin devant le solaire et l’éolien terrestre », observe-t-on à l’Elysée.

En mer du Nord, peu profonde, des éoliennes « peuvent être installées en nombre important » pas trop loin des côtes, « dans des conditions de vent permettant de produire beaucoup d’énergie » verte à un coût « particulièrement compétitif », ajoute la même source.

Des objectifs réalisables

Après une première réunion de quatre pays en mai 2022, ce second « sommet mer du Nord » s’inscrit dans les objectifs climatiques de l’Europe comme dans la volonté de sabrer sa dépendance aux énergies fossiles importées suite à la guerre en Ukraine.

L’UE s’est récemment entendue pour doubler, à 42,5%, la part des renouvelables dans sa consommation énergétique d’ici 2030, notamment en accélérant les procédures d’autorisation des infrastructures. Bruxelles a également proposé mi-mars des allègements réglementaires pour les industries vertes.

Les objectifs d’Ostende sont réalisables « car l’Europe a un leadership technologique et industriel sur l’éolien offshore », mais « il manque une mobilisation des financements » pour soutenir la montée en puissance des chaînes de production, prévient Pierre Tardieu de la fédération industrielle WindEurope.

L’industrie européenne devrait ainsi fabriquer d’ici cinq ans l’équivalent de 20 GW d’éoliennes offshore par an, contre une capacité d’environ 7 actuellement, au risque d’usines saturées et de goulots d’étranglement sur les composants.

Le coût total s’annonce colossal: fin 2020, Bruxelles chiffrait à 800 milliards d’euros les besoins d’investissements si l’UE seule visait 300 GW d’éolien offshore d’ici 2050.

afp/boi