Myret Zaki: que penser des révélations sur le Crédit Suisse ? — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

Lire: Credit Suisse aurait hébergé des milliards pour des clients sulfureux

Histoires de filatures, débâcle du fonds spéculatif américain Archegos, le patron qui démissionne après avoir violé les restrictions sanitaires, et aujourd’hui les « Suisse Secrets »: depuis quelques années, les affaires éclaboussant Credit Suisse s’enchaînent.

« C’est dommage, car en 2008, quand il y a eu la crise des subprimes, on s’est dit que Credit Suisse était un modèle de prudence. La banque a eu moins de dégâts qu’UBS par exemple, et n’a jamais demandé l’aide de l’Etat », explique Myret Zaki lundi au micro de La Matinale. Mais selon elle, « la gestion du risque au sein de l’établissement, que ce soit au niveau de la clientèle ou des risques de marchés, n’est pas optimale ».

Place financière suisse visée

Pour cette spécialiste du monde de la finance, Credit Suisse n’est de loin pas la seule banque dans le monde à avoir accepté, par le passé, des fonds d’origine douteuse. Elle rappelle en outre que l’enquête internationale visant la deuxième banque de pays remonte à avant 2007, soit avant la fin du secret bancaire en Suisse. « Depuis, il y a eu d’énormes changements que l’enquête ne prend pas en compte. » Ce que Credit Suisse déplore d’ailleurs.

Pour elle, au delà de Credit Suisse, c’est toute la place financière suisse qui est visée. « Existe-t-il vraiment des places financières qui soient parfaitement propres dans le monde? », s’interroge-t-elle.

Selon elle, la Suisse a fait de nombreux efforts ces derniers années pour lutter contre le blanchiment d’argent ou la fraude fiscale. « Et avec le nom ‘Suisse Secrets’, on nous explique bien que c’est là que ça se passe », regrette-t-elle.

Pour Myret Zaki, ces révélations s’inscrivent donc dans un contexte plus large de guerre économique. « On doit savoir que le blanchiment d’argent est une opération gigantesque qui porte sur des montants infiniment supérieurs à tout ce que la Suisse peut accueillir et qui sont pas bien surveillés ailleurs. »

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey

Adaptation web: Fabien Grenon