Le procès du dirigeant italien d’extrême droite Matteo Salvini, accusé d’avoir bloqué illégalement en mer 147 migrants en 2019 lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, a démarré samedi à Palerme, en Sicile.
« Voici le tribunal de la prison de Palerme », a tweeté depuis la salle d’audience Matteo Salvini avec une photo de lui-même debout devant une cellule réservée à certains accusés. « Le procès voulu par la gauche et les fans de l’immigration illégale commence: combien cela va-t-il coûter aux citoyens italiens? ».
Le 12h45 / 1 min. / 23.10.2021
Qui Aula di Giustizia del carcere di Palermo. Il processo voluto dalla sinistra e dai tifosi dell’immigrazione clandestina comincia: quanto costerà ai cittadini italiani? pic.twitter.com/LKUUjLSOFD
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) October 23, 2021
Le procès de Matteo Salvini, qui risque 15 ans de prison, s’était ouvert le 15 septembre mais avait été renvoyé immédiatement. L’audience de samedi, largement procédurale, a duré moins de trois heures et la prochaine audience a été fixée au 17 décembre.
Le juge Roberto Murgia a autorisé l’ancien chef du gouvernement Giuseppe Conte et l’acteur américain Richard Gere à venir témoigner. La venue de la star hollywoodienne a été demandée par l’ONG espagnole Open Arms qui opérait le navire de secours bloqué. Richard Gere était monté à bord du navire en août 2019 pour apporter son soutien aux migrants, une visite alors raillée par Matteo Salvini.
« Parlez-moi du sérieux d’un procès où Richard Gere vient d’Hollywood pour témoigner de ma méchanceté », a ironisé M. Salvini devant des journalistes à l’extérieur du tribunal. « J’espère que ça va durer le moins longtemps possible parce qu’il y a des choses plus importantes dont il faut s’occuper ».
Matteo Salvini, 48 ans, est le chef de La Ligue, parti anti-migrants d’extrême droite qui appartient à la coalition actuellement au pouvoir dirigée par Mario Draghi. Il est accusé de séquestration de personnes et d’abus de pouvoir pour avoir interdit le débarquement de 147 migrants secourus en mer par l’ONG Open Arms en août 2019.
Le dirigeant est accusé d’avoir refusé pendant six jours d’accorder un port sûr au navire de l’ONG espagnole qui mouillait au large de la petite île italienne de Lampedusa (au sud de la Sicile) alors que les conditions à bord s’aggravaient.
Les migrants n’avaient été autorisés à débarquer que grâce à une ordonnance émise par la justice sicilienne après une inspection à bord qui avait confirmé la gravité de la situation sanitaire sur le navire surpeuplé.
Connu pour ses déclarations controversées, notamment sur l’immigration, Matteo Salvini a été vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement de Giuseppe Conte, de juin 2018 à septembre 2019.
Il assure avoir agi pour le bien de l’Italie et pour dissuader les migrants de s’embarquer sur les côtes africaines pour une dangereuse traversée de la Méditerranée, soulignant que la décision avait été validée par le gouvernement de l’époque et Giuseppe Conte.
Devant le tribunal, le fondateur et directeur d’Open Arms, Oscar Camps, a assuré aux journaliste que le procès n’avait pas de motivation politique « Sauver des gens n’est pas un crime mais une obligation, non seulement pour les capitaines mais pour l’Etat tout entier », a-t-il déclaré.
Vingt-trois parties civiles, dont neuf migrants qui se trouvaient à bord, sont représentées au procès.
afp/boi
406 migrants secourus
L’audience à laquelle assiste Mateo Salvini se déroule pendant que 406 migrants, sauvés lors de plusieurs opérations au large de la Libye par le navire allemand Sea Watch 3 de l’ONG Sea Watch, sont arrivés dans le port sicilien de Pozzallo pour désembarquer, selon l’agence italienne AGI.