Martine Rebetez: „Ce qu'on observe aujourd'hui au niveau du climat était annoncé” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Et d’ajouter: « Nous savions qu’autour de l’année 2020, nous aurions des signes patents, des preuves de ce que nous avancions. Bien sûr, nous aurions préféré que ce soit plus lent. »

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La situation est « plus grave » que ce que prévoyaient les scénarios. « Aucun n’entre eux n’avait prévu qu’on émettrait autant de gaz à effet de serre », déclare-t-elle.

« Désinformation au profit des compagnies pétrolières »
Martine Rebetez observe qu’il existe une prise de conscience, mais seulement « chez les gens honnêtes et bien informés ». La climatologue pointe ainsi du doigt la désinformation au profit des intérêts financiers à court terme des compagnies pétrolières, notamment.

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Pour la climatologue, il faut désormais agir sur deux axes: « D’un côté, on doit absolument réduire les émissions de gaz à effet de serre – depuis le temps que je le repète. De l’autre, le changement climatique est là. La question est donc de savoir comment on va sauvegarder notre mode de vie dans le meilleur des cas ou simplement notre vie dans certains endroits. »

Propos recueillis par Tania Sazpinar/vajo avec ats

Le manque de coopération aggrave les effets des événements extrêmes, selon une étude

Les récentes canicules et sécheresses mettent en lumière une collaboration insuffisante entre secteurs socio-économiques, relève une étude de l’Université de Zurich (UZH). Les chercheurs ont analysé huit événements extrêmes sur trois continents au cours des vingt dernières années.

« Si chacun regarde seulement de son côté, les conséquences des événements extrêmes seront encore plus graves », juge Laura Niggli, de l’Institut de géographie, auteure principale de l’étude publiée jeudi.

Comme les événements extrêmes vont être de plus en plus fréquents à l’avenir, l’étude appelle les responsables des différents secteurs à s’y préparer et à planifier ensemble des mesures. Les incendies de 2019 en Australie ont provoqué des pertes pour l’économie estimées à 100 milliards de dollars américains (94,4 milliards de francs au cours actuel), note l’UZH.

L’Arctique se réchauffe plus vite que prévu

L’Arctique s’est réchauffé près de quatre fois plus vite que le reste du monde lors des 40 dernières années: ces conclusions d’une nouvelle étude font craindre une sous-estimation des modèles climatiques des pôles, dont le réchauffement a une influence prépondérante sur la hausse du niveau des mers.

L’étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment du groupe Nature, réévalue nettement à la hausse le rythme de réchauffement de la région autour du pôle Nord. En 2019, le panel d’experts du climat des Nations unis (Giec) avait estimé que l’Arctique se réchauffait « de plus du double de la moyenne mondiale », sous l’effet d’un processus spécifique de la région.

Ce phénomène, appelé « amplification arctique », se produit lorsque la banquise et la neige, qui reflètent naturellement la chaleur du soleil, fondent dans l’eau de mer qui absorbe plus de rayonnement solaire et se réchauffe.