Macron en Amérique — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Joe Biden a fait voter au Congrès 400 milliards de dollars pour soutenir l’industrie verte et offrir aux entreprises américaines des avantages fiscaux. Des « mesures super-agressives » qui vont désavantager les entreprises européennes, se plaint Macron. On est amis, et alliés, on boit des verres, on n’en reste pas moins concurrents.

L’Amérique de Biden est tout autant protectionniste que celle de ses prédécesseurs. Le président américain n’a pas d’état d’âme à ce sujet : « Je ne vais pas m’excuser, dit-il. Faites la même chose ! », lance-t-il. C’est vrai que ce que la France, et l’Europe, reprochent aux États-Unis, c’est précisément ce qu’ils devraient entreprendre. Produire sur leur continent, s’assurer de la sécurité de l’approvisionnement, et ne pas dépendre de la Chine.

La visite à Washington faisait partie des figures imposées. Le rendez-vous avec Elon Musk à la Nouvelle-Orléans obéissait davantage à la curiosité du président pour cet étonnant milliardaire, le plus riche de la planète, qui domine le marché de la voiture électrique, construit des fusées, lance des satellites, et rachète Twitter. Un modèle à lui tout seul pour le promoteur de la « startup nation ». Chez Biden, Macron était en mission, avec Musk, il est en voyage d’étude. Curieux de cette culture du garage où l’on bricole l’avenir, plutôt que du culte du grenier, où l’on célèbre le passé.

Les toasts sont sympathiques, et bienvenus. Mais les divergences sont bien là. Le communiqué final dit que les deux pays soutiendront l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra. Mais Emmanuel Macron a jeté le trouble, une fois de plus, en déclarant plus tard qu’il fallait trouver une solution pour la sécurité de la Russie. Oublié Boutcha, oubliés les crimes de guerre. Nouvelle incompréhension à l’est de l’Europe où l’on juge que l’invasion doit d’abord cesser, et que Poutine n’est plus un interlocuteur acceptable. Les observateurs s’interrogent sur la sortie, évoquent un possible orgueil. Plus simplement, le président espère jouer un rôle dans la résolution du conflit en ne se montrant pas le plus sévère envers Moscou.

L’autre dimanche, la Russie a salué la victoire de l’équipe de France de football sur la Pologne, avec des louanges appuyées et une arrière-pensée à peine dissimulée.

André Crettenand