Si le grand public devrait avoir accès à leurs conclusions d’ici une quinzaine de jours, un brouillon du projet de rapport, qui avait fuité dans les médias il y a quelques semaines, n’augure rien de bon. Les experts du Giec y affirment notamment que « la vie sur Terre pouvait se remettre d’un changement majeur, mais pas l’humanité », ou encore que « le pire est à venir ».
Lire à ce sujet: L’humanité à l’aube de retombées climatiques cataclysmiques, prédit le Giec.
Passer à l’action
Certes, ces perspectives sont alarmistes, mais pour Sophie Swaton, philosophe, économiste et professeure à l’Institut de géographie et durabilité de l’Université de Lausanne, elles ne sont pas nouvelles. « C’est ce qui est annoncé depuis des décennies par d’autres rapports que celui du Giec, ainsi que par des scénarios dont on entend parler depuis les années 70 », a-t-elle rappelé mercredi au micro de La Matinale de la RTS.
Pour elle, il ne s’agit donc que d’une « confirmation de tendances » dont il est désormais important de « prendre toute la mesure » afin de passer enfin à l’action. Mais comme elle le souligne, le changement fait peur. « Si l’impact de nos activités humaines doit remettre en question notre rapport à la nature, l’humain n’aime pas se remettre en question », insiste-t-elle.
Une gouvernance mondiale?
Le temps commence toutefois à presser. Surtout que la conférence de Paris (COP21) avait abouti en 2015 sur l’objectif de limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5 degré d’ici la fin du siècle. « On n’y arrivera certainement pas », déplore-t-elle, rappelant notamment les records de températures atteints dernièrement dans certaines villes du Canada, « sous des latitudes où on n’aurait jamais pensé que cela puisse arriver ».
Selon elle, la tenue de ce genre de conférences, dont la prochaine (COP26) aura lieu à Glasgow en novembre prochain, reste cependant primordiale. « Ce qu’on peut attendre de ces conférences, c’est qu’il y ait un peu plus d’actions et moins de discussions, pour aboutir au final un jour à une gouvernance mondiale sur le thème du climat. »
L’invitée de La Matinale reste persuadée que la crise sanitaire peut servir à cette prise de conscience. Encore faudrait-il que l’on commence à associer écologie et économie. Car selon elle, c’est là où le bât blesse. « On est actuellement dans une tendance de division entre l’économie et l’écologie. Mais là, on n’a plus le temps. On doit utiliser cette pandémie en se disant qu’il y en aura d’autres, alors agissons en conséquence et essayons de trouver des solutions, au lieu de s’arrêter à des discours alarmistes qui créent de la peur. »
Propos recueillis par Agathe Birden
Adaptation web par Fabien Grenon
Les « signes vitaux » de la Terre faiblissent, selon des scientifiques
Les « signes vitaux » de la planète s’affaiblissent sous les coups de l’économie mondiale, ont mis en garde mercredi des scientifiques de premier plan. Ils s’inquiètent de l’imminence possible de certains « points de rupture » climatiques.
Ces chercheurs, qui font partie d’un groupe de plus de 14’000 scientifiques ayant plaidé pour la déclaration d’une urgence climatique mondiale, estiment que les gouvernements ont de manière systématique échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique: « la surexploitation de la Terre ».
Depuis une évaluation précédente en 2019, ils soulignent la « hausse sans précédent » des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies. Sur les 31 « signes vitaux » de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, 18 atteignent des records, selon ce texte publié dans la revue BioScience.