L’université de Harvard crée un fonds pour « réparer » son passé esclavagiste

27 avril 2022

Avec l’ambition de « réparer » son passé esclavagiste aux 17ème et 18ème siècles, l’université américaine Harvard, l’une des plus prestigieuses de la planète, a annoncé mardi la création d’un fonds de 100 millions de dollars.

L’annonce, faite par une lettre du président de l’université Lawrence Bacow aux étudiants, professeurs et employés de l’institution fondée en 1636 à Cambridge (Massachusetts, nord-est), s’inscrit dans un vaste mouvement universitaire ces dernières années de reconnaissance et de réparation de l’esclavage aux Etats-Unis, aboli officiellement par le 13ème amendement de la Constitution en décembre 1865.

L'une des entrées de l'Université d'Harvard. [AP/Steven Senne - Keystone]
AP/Steven Senne - Keystone

L'une des entrées de l'Université d'Harvard.

Mais, reconnaît Lawrence Bacow, « l’esclavage et son héritage font partie de l’histoire américaine depuis plus de 400 ans. Le travail de réparation de ses effets persistants va nécessiter nos efforts soutenus et ambitieux pour les prochaines années ».

Harvard va donc consacrer 100 millions de dollars à un fonds qui doit financer des travaux de recherche, d’éducation et de mémoire sur le racisme et l’esclavage du 17ème au 19ème siècle aux Etats-Unis.

« Responsabilité morale »

Cette décision fait suite à un rapport d’un comité de l’université qui émet des recommandations quant à la manière de « réparer » financièrement l’exploitation sur des dizaines de générations de millions de personnes déportées de force de l’Afrique et de l’Europe vers l’Amérique.

A Harvard en particulier, aux 17ème et 18ème siècles, plusieurs membres et présidents ont directement réduit en esclavage plus de 70 personnes – afro-américaines et amérindiennes – jusqu’à ce que cela soit déclaré illégal dans le Massachusetts en 1783.

« Harvard a profité et a d’une certaine manière perpétué des pratiques qui étaient profondément immorales », admet le président de l’institution. Il reconnaît que son université « porte une responsabilité morale de pouvoir régler les effets corrosifs qui persistent de ces pratiques historiques sur les individus, sur Harvard et sur la société » américaine.

afp/vkiss