L'Ukraine déplore la lenteur de l'aide attendue via la Chaîne du bonheur — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Nous voulons que les Ukrainiens qui ont fui puissent revenir dans leur pays le plus vite possible, qu’ils puissent aller à l’hôpital, à la pharmacie, acheter des médicaments dans des villes qui sont en ruine. Et ils ne peuvent pas attendre deux ou cinq ans, ce doit être maintenant », a lancé Artem Rybchenko.

La Chaîne du bonheur confirme avoir reçu il y a quelques jours une lettre avec ce reproche et dit être en contact avec l’ambassadeur. Mais la directrice de la fondation, Miren Bengoa, se défend et assure que la fondation, via ses partenaires, a déjà investi 15 millions de francs.

Déjà des dizaines de projets en cours

Plus de 629’000 personnes ont ainsi déjà pu bénéficier d’une aide et d’une protection nécessaires dans le cadre du conflit, selon les indications de la Chaîne du bonheur. A l’heure actuelle, treize de ces projets se déploient en Ukraine, onze dans les pays voisins comme la Pologne ou la Moldavie, et dix autres sont menés en Suisse.

« Ce sont des projets d’aide médicale, de distribution de financement direct pour les familles, pour qu’elles puissent obtenir directement sur place les objets et les moyens nécessaires », a détaillé Miren Bengoa dans le 19h30. « Nous allons entamer bientôt une réflexion autour de l’amélioration de l’habitat, notamment en prévision de l’hiver ».

Pas question de soutenir l’effort de guerre

L’Ukraine voudrait que les dons récoltés soient investis dans le projet de reconstruction « United2024 » que le président Volodymyr Zelensky a présenté lors de la conférence de Lugano.

Lire: La lutte anti-corruption au centre de la Déclaration de Lugano sur la reconstruction de l’Ukraine

Mais ce fonds auquel vont contribuer les participants à la conférence repose sur trois piliers, dont le premier est l’effort de guerre (defence and demining). Pour la Chaîne du bonheur, il est hors de question de verser de l’argent à un tel fonds et de soutenir du même coup cet effort de guerre.

Indépendance assurée par les partenariats

Depuis sa création en 1946, la Chaîne du bonheur travaille avec des organismes humanitaires privés. Au Sénégal par exemple, elle oeuvre pour l’éducation des enfants aux côtés de la Croix-Rouge et de l’association Save the Children. Ces partenariats lui permettent de s’affranchir des Etats et de ne pas financer la guerre.

« Nous sommes une organisation caritative indépendante, une fondation d’utilité publique », a rappelé Miren Bengoa. « Nous n’avons pas les moyens de travailler au travers d’un organe d’Etat et nous pouvons garantir une indépendance de cette assistance humanitaire.

Dans le cadre de la guerre en Ukraine, 111 millions de francs sont encore disponibles. La Chaîne du Bonheur assure qu’ils seront entièrement mobilisés dans les cinq prochaines années.

oang avec Séverine Ambrus et Charlotte Onfroy-Barrier