Un tribunal biélorusse a infligé mardi à de lourdes peines de prison plusieurs détracteurs du régime, dont le mari de l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa. Celui-ci a été condamné à 18 ans de prison.
Ce vidéo-blogueur de 43 ans a été condamné lors d’un procès tenu à huis clos à 18 ans de détention pour « organisations de troubles massifs », « incitation à la haine dans la société », « troubles à l’ordre public » et « obstruction à la Commission électorale ». Deux coaccusés qui travaillaient pour lui devront quant à eux passer 16 ans derrière les barreaux.
Sergei Tikhanovski sous escorte peu avant le verdict
« J’estime que (ces accusations) sont imaginaires et motivées politiquement », avait indiqué fin mai l’accusé dans une lettre au média allemand Deutsche Welle.
Quasiment aucune information n’a filtré sur ce procès qui se tenait depuis juin. Les avocats de la défense ont été interdits de s’exprimer sous peine de perdre le droit d’exercer.
Une autre figure majeure de l’opposition, Mikola Statkevitch, ancien candidat à la présidentielle de 65 ans qui a déjà passé plusieurs années en prison, a été condamné à 14 ans de détention. Vladimir Tsyganovitch, youtubeur critique du pouvoir, et Igor Lossik, journaliste d’opposition de 29 ans, écopent chacun de 15 ans d’emprisonnement.
La justice biélorusse avait déjà condamné cette année un opposant et une opposante d’envergure: l’ex-banquier et candidat à la présidentielle Viktor Babaryko et sa directrice de campagne, Maria Kolesnikova, qui ont écopé respectivement de 14 et 11 ans de prison.
Parmi les figures de premier plan de l’opposition, Sergueï Tikhanovski a donc écopé de la peine la plus lourde.
À l’origine, Sergueï Tikhanovski était un Youtubeur en vue pour ses vidéos éreintant Alexandre Loukachenko, qu’il traitait de « cafard » à écraser. Il a été arrêté en mai 2020 alors qu’il projetait de se présenter à la présidentielle du mois d’août.
Sa femme Svetlana, sans expérience politique, l’avait remplacé au pied levé, mobilisant à la surprise générale des foules inédites contre Alexandre Loukachenko, que le régime de Minsk a réprimé à coups de matraques, de lourdes peines de prison et d’exils forcés. Selon l’ONG Viasna, la Biélorussie compte actuellement 912 prisonniers ou prisonnières politiques.
Contrainte à l’exil depuis l’été 2020 pour avoir inspiré cette vague de contestation sans précédent dans son pays, Svetlana Tikhanovskaïa a immédiatement dénoncé ce verdict très lourd.
« Mon mari est condamné à 18 ans d’emprisonnement. Le dictateur (Alexandre Loukachenko) se venge publiquement de ses opposants les plus forts », a-t-elle réagi sur Twitter. Elle a ensuite promis de continuer son combat, relevant que « le monde entier regarde » la répression orchestrée au Bélarus.
ats/jop