L'opposition russe menacée par une loi avant les élections — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Cette législation, qui entrera en vigueur dès que Vladimir Poutine l’aura promulguée, est largement considérée comme visant les partisans de l’opposant incarcéré Alexeï Navalny.

Le parquet a demandé à la justice de classer « extrémistes » ses organisations, car elles chercheraient à « déstabiliser la situation sociale » en Russie « sous couvert de slogans libéraux ». L’issue de cette procédure laisse peu de doutes: le réseau de bureaux régionaux de l’opposant a d’ores et déjà été jugé « extrémiste » par les services de surveillance financiers.

« Faire le ménage avant les législatives »

Les détracteurs du président russe ont dénoncé une volonté du Kremlin de faire le ménage avant les législatives du 19 septembre, à un moment où le parti au pouvoir, Russie Unie, est en recul dans les sondages, malgré la popularité de Vladimir Poutine, face à la stagnation économique et à des scandales de corruption.

La pression judiciaire est d’ailleurs montée d’un cran cette semaine pour d’autres opposants qu’Alexeï Navalny, qui est lui-même incarcéré depuis janvier et pour plus de deux ans. Lundi soir, les forces de l’ordre ont extirpé d’un avion prêt à décoller de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) Andreï Pivovarov, l’ancien directeur de l’organisation Open Russia (Russie Ouverte) fondée par l’oligarque en exil et détracteur du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski.

Placé en détention

Andreï Pivovarov, 39 ans, est accusé de « participation aux activités d’une ONG étrangère reconnue comme indésirable », un crime passible de six ans de prison. Il a été placé en détention mercredi au moins jusqu’au 31 juillet.

« Le Kremlin savait que je prévoyais de me présenter aux législatives, j’étais en négociation avec Iabloko », une formation d’opposition, a expliqué à la presse Andreï Pivovarov au cours d’une audience dans un tribunal de Krasnodar (sud-ouest).

Garde à vue

Autre affaire: mardi les autorités ont placé en garde à vue l’ex-député Dmitri Goudkov, 41 ans. Il est soupçonné par les enquêteurs d’ »escroquerie ou abus de confiance » dans une affaire de loyers impayés, un délit passible de cinq ans de prison.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a soutenu mercredi que ces deux affaires n’avaient « aucun lien avec la politique ».

afp/jpr