L'Italie déclare l'état d'urgence pour faire face aux arrivées de migrants — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Au total, plus de 30’000 personnes sont arrivées par la mer depuis le début de l’année, dont quelque 25’000 en Sicile et plus de 3000 en Calabre, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR).

C’est près de quatre fois plus que les 8000 enregistrés en Italie pour la même période au cours des deux années précédentes.

« Mesures extraordinaires »

Pour faire face à cet afflux, les autorités italiennes ont déclaré mardi soir l’état d’urgence national, une solution à laquelle avaient déjà eu recours les gouvernements précédents.

Le gouvernement, mené par la leader d’extrême droite Giorgia Meloni, a déclaré dans un communiqué que l’état d’urgence nécessaire « pour mettre en oeuvre de toute urgence des mesures extraordinaires pour réduire la congestion » dans un refuge pour migrants débordé sur l’île de Lampedusa, dans le sud du pays.

Nello Musumeci, ministre de la Protection civile et des Politiques de la mer

Il faut également « de nouvelles structures, adaptées à la fois à l’accueil, au traitement et au rapatriement des migrants qui ne remplissent pas les conditions requises pour rester » en Italie, indique encore le communiqué.

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Un commissaire spécial aux questions migratoires devrait également être nommé et un financement initial de 5 millions de francs a été annoncé.

26 bateaux en un jour

Vingt-six bateaux de migrants, dont beaucoup n’ont pas eu besoin d’être secourus, ont atteint l’île de Lampedusa en une seule journée pendant le week-end de Pâques. De quoi compromettre le fonctionnement des structures d’accueil qui permettent notamment aux migrants d’être identifiés, première étape vers toute demande d’asile.

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Le refuge de l’île, située au sud de la Sicile, prévu pour accueillir 350 à 400 personnes, hébergeait ces derniers jours pas moins de 3000 personnes. Des ferries commerciaux vides ont dû être affrétés par l’Italie pour transférer des centaines d’entre elles vers la Sicile ou le continent.

Lorena Tortorici, directrice du centre d’accueil de Lampedusa

Mardi, quelque 1600 migrants séjournaient cependant encore dans la structure de Lampedusa. Les autorités espéraient que le temps s’améliorerait afin que, d’ici la soirée, quelque 400 migrants puissent encore être transportés hors de l’île.

Nouvelles routes

La majorité des migrants arrivés cette année est originaire de Côte d’Ivoire. Viennent ensuite des personnes de Guinée, du Pakistan, d’Egypte, de Tunisie et du Bangladesh, selon le décompte du ministre italien de l’Intérieur.

Pendant des années, la plupart des bateaux empruntant la dangereuse route de la Méditerranée centrale ont quitté l’ouest de la Libye. Mais ces derniers mois, de nombreux départs ont été observés depuis l’est de la Libye et la Tunisie.

Un autre itinéraire part de Turquie et vise à atteindre la Calabre ou les Pouilles, à l’extrémité sud de l’Italie continentale.

jgal avec agences

Trimestre le plus meurtrier depuis 2017 en Méditerranée

Le premier trimestre 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017, avec 441 vies perdues en tentant d’atteindre l’Europe, a déclaré l’ONU mercredi.

L’Organisation internationale pour les migrations des Nations unies (OIM) a estimé que ce chiffre de 441 décès entre janvier et mars 2023 est en deçà de la réalité.

« Avec plus de 20’000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains que ces décès aient été normalisés », a-t-elle averti, ajoutant que « les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les Etats coûtent des vies humaines ».

L’OIM précise que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l’année, entraînant la mort d’au moins 127 personnes sur les 441 autres.