L'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi entame un 4e mois en détention — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Depuis trois mois, malgré une répression sanglante de la junte, des manifestations quasi quotidiennes ébranlent le pays, une vaste campagne de désobéissance civile, avec des milliers de travailleurs grévistes, paralyse des secteurs entiers de l’économie et des opposants, passés dans la clandestinité, ont formé un gouvernement de résistance.

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De nouvelles protestations

Samedi, de petits groupes de protestataires ont de nouveau défilé dans les rues, rapidement par peur des représailles. A Rangoun, ils ont déployé une banderole: « Seule la vérité triomphera ». Non loin de là, des contestataires ont brandi le portrait de « Mother Suu » Kyi pour exiger sa libération.

Plusieurs bombes artisanales ont explosé dans la capitale économique, d’après des témoignages recueillis par l’AFP. Ces attaques, non revendiquées, accentuent le sentiment d’insécurité qui règne dans la ville.

Les affrontements ne faiblissent pas entre les militaires et plusieurs factions ethniques des régions frontalières du Nord et de l’Est. Ces groupes, qui abritent un grand nombre d’opposants à la junte ayant fui les exactions, ont repris les armes ces dernières semaines.

Près de 760 civils sont tombés sous les balles des forces de sécurité ces trois derniers mois et quelque 3500 sont en détention, d’après une ONG locale.

Aucune visite possible

Derrière les murs de la résidence de la capitale Naypyidaw où elle est assignée, Aung San Suu Kyi est tenue à l’écart des agitations et des violences.

Elle n’a probablement « pas accès aux informations et à la télévision. Je ne pense pas qu’elle soit au courant de la situation actuelle », relève l’une de ses avocates, Min Min Soe.

L’ex-dirigeante est notamment inculpée pour sédition et violation d’une loi sur les secrets d’Etat. Elle pourrait être bannie de la politique, voire condamnée à des années de prison si elle est reconnue coupable.

Ses avocats ne sont pas autorisés à la rencontrer. Ils ne l’ont vue qu’en visioconférence lors de brèves audiences judiciaires très surveillées par les forces de sécurité, selon eux.

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« Sans recevoir d’instructions de l’accusée, comment pouvons-nous la défendre ? », déplore l’avocat Khin Maung Zaw. « Nous sommes très inquiets pour le respect de ses droits ».

ats/vajo