Les troupes érythréennes semblent entamer leur retrait du Tigré voisin — Genève Vision, un nouveau point de vue

0

Ce conflit meurtrier a officiellement pris fin avec un accord signé le 2 novembre à Pretoria entre le gouvernement éthiopien et les rebelles.

L’Erythrée n’a pas participé à ces discussions. Le maintien de ses troupes, accusées d’exactions sur les civils durant le conflit mais aussi après l’accord de Pretoria, est considéré comme un obstacle majeur à la paix dans la région.

Aksoum libéré, Shire et Adwa pas encore

Selon des témoignages recueillis auprès de la population, les forces érythréennes n’étaient plus présentes dans la ville d’Aksoum. Les soldats « sont partis (…), transportant des dizaines de pièces d’artillerie, des canons anti-aériens et des chars », a déclaré un habitant, affirmant que leur retrait a commencé vendredi.

Des mouvements de troupes et de matériel ont également été observés ces derniers jours dans les villes de Shire et Adwa. Des soldats étaient toutefois toujours visibles dimanche dans ces deux villes.

Les accès au Tigré étant restreints, il est impossible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain.

« Assurer une paix durable »

Après un entretien téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait salué samedi le « retrait en cours des troupes érythréennes du nord de l’Ethiopie ». Il « s’est félicité de ce développement, en notant qu’il était crucial pour assurer une paix durable ».

L’Igad, organe régional est-africain qui participe à la médiation du processus de paix, « salue toutes les mesures prises pour assurer la mise en oeuvre harmonieuse de l’accord qui mènera à une paix permanente et durable en Ethiopie », a déclaré son porte-parole Nuur Mohamud Sheekh.

Le départ des troupes érythréennes du Tigré est réclamé par la communauté internationale depuis le début de la guerre. Leur présence avait été rapportée dès les premières semaines du conflit, quand Abiy Ahmed a envoyé l’armée destituer les autorités régionales dissidentes, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Asmara et Addis Abeba l’ont niée pendant des mois, avant que Abiy Ajmed ne l’admette fin mars 2021.

furr avec afp

Accusations de massacres

Etat autocratique ayant obtenu son indépendance de l’Ethiopie en 1993, l’Erythrée est l’ennemie jurée du  Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) depuis une sanglante guerre frontalière en 1998-2000 quand ce parti dirigeait l’Ethiopie (1991-2018).

Ses troupes ont été accusées de pillages, de massacres et de viols durant et après le conflit, notamment à Aksoum ou dans le village de Dengolat. S’il se confirme, ce retrait constitue une avancée majeure du processus de paix lancé le 2 novembre.

Depuis l’accord, les combats ont cessé, l’acheminement d’aide humanitaire et médicale reprend progressivement et la capitale régionale Mekele a été raccordée au réseau électrique national. Mais le volet militaire reste largement soumis à la présence érythréenne.

Lire aussi à ce sujet:  Une enquête de l’ONU confirme des crimes contre l’humanité en Ethiopie

Ou encore: Le Tigré est le théâtre de « nettoyage ethnique », selon deux ONG