Les nouveaux espoirs d'une paix au Yémen — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Selon le quotidien britannique, il est ainsi peu probable que Ryad ait conclu un accord avec l’Iran sans un engagement de Téhéran à cesser de fournir des armes au mouvement Houthi.

La semaine dernière, le ministre saoudien des Affaires étrangères déclarait encore que la priorité absolue de l’Arabie saoudite était de « trouver un moyen d’avoir un cessez-le-feu permanent au Yémen ».

Depuis 8 ans, par procuration, les deux pays se livrent une guerre au Yémen et ce conflit a des conséquences très graves sur le terrain puisque les deux tiers des Yéménites n’ont pas l’accès aux services essentiels, relève dans un communiqué de presse le CICR.

Un enlisement interminable

Le conflit a commencé en 2014 avec le renversement du gouvernement officiel par les rebelles et le début d’une guerre civile. Rapidement, l’affrontement a pris une dimension régionale, l’Arabie Saoudite s’est impliquée en soutenant le gouvernement officiel alors que l’Iran s’est rangé aux côtés des rebelles chiites houthis, chacune des puissances a cherché à imposer sa suprématie régionale.

Mais pour l’Arabie Saoudite, cette guerre s’est en partie soldée par un échec puisqu’elle comptait y mener une guerre éclair. Son but était de contenir l’influence de l’Iran et de restaurer le gouvernement dit officiel tout en protégeant les frontières sud de l’Arabie Saoudite, explique lundi dans Tout un Monde Elisabeth Kendall, à la tête du Girton College à l’Université de Cambridge et spécialiste du Yémen. « Aucune de ces choses n’est arrivée, c’est même l’opposé qui s’est passé », analyse la docteure.

Difficile d’imposer les termes d’un accord

L’influence de l’Iran n’a cessé de s’accroître au Yémen. Il y a encore une semaine, le Yémen accusait Téhéran de livrer aux rebelles des « cadeaux de la mort », soit des drones et des missiles. Téhéran affirme que son implication ne serait qu’un soutien politique aux Houtis.

Selon Elisabeth Kendall, les rebelles auraient effectivement reçu des armes et, aujourd’hui, ils sont dépendants de cette aide. « Après huit ans de guerre, il était inévitable qu’une partie de la population se soit organisée derrière chaque camp et qu’elle se soit polarisée », affirme Elisabeth Kendall.

En raison de cette polarisation sur le terrain, il sera difficile de convaincre la population d’accepter les termes d’un accord. Aujourd’hui, ceux qui parlent de paix ne sont pas nécessairement ceux qui ont les faveurs des habitants. Mais en réalité, personne ne connaît les aspirations de cette population, car depuis des années, voire des décennies, il n’y pas eu de réelles élections.

Des représentants du gouvernement yéménite et des rebelles Houthis au Yémen ont par ailleurs entamé samedi à Genève des pourparlers sur un échange de prisonniers. Les Nations unies appellent les deux parties à engager des discussions « sérieuses ».

Sujet radio: Jessica Monteiro

Adaptation web: Miroslav Mares

Les coulisses de la guerre

Au Yémen, un à deux civils meurent chaque heure et le conflit a fait au total des centaines de milliers de morts. La survie de 80% des Yéménites, soit de 20 millions de personnes, dépend de l’aide humanitaire. L’ONU estime qu’il s’agit de la plus grande crise humanitaire en cours dans le monde.

Ce conflit profite aussi aux fabricants d’armes de France, des Etats-Unis et même de Suisse. En 2022, en collaboration avec d’autres médias, la RTS dévoilait que des fusils Sig Sauer 551, fabriqués dans notre pays, étaient utilisés contre la population.

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