„Les difficultés de Biden viennent de l'obstruction systématique des républicains” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Joe Biden est au niveau de Donald Trump, ce qui paraît ahurissant », réagit Anne Deysine, professeure émérite à l’Université de Paris-Nanterre, interrogée dans « Géopolitis » de la RTS. Pour elle, la faible popularité de Joe Biden » est le produit de la désinformation » de toute une partie des médias de droite. Résultat: alors que son bilan est « assez positif », le public ne retient que ce qui ne va pas, en particulier la sortie chaotique d’Afghanistan.

Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a réussi à faire vacciner près de 60% de la population pour enrayer le Covid. Il a aussi lancé deux plans d’investissements ambitieux, dont le premier, qui prévoit 1200 milliards de dollars pour les infrastructures, a finalement été voté au Congrès le 5 novembre. Le second, baptisé « Build Back Better », devrait être examiné par la Chambre des représentants cette semaine.

Pour mettre toutes les chances de son côté, Joe Biden a déjà raboté les montants prévus de près de moitié, à 1750 milliards de dollars. De quoi rallier Joe Manchin, le sénateur le plus à droite du Parti démocrate, mais faire bondir l’aile gauche. En réaction, Alexandria Ocasio-Cortez, très remarquée dans sa robe « Taxez les riches », a refusé de voter le plan sur les infrastructures.

L’influence de Donald Trump

« Bien sûr, les démocrates sont divisés, mais il faut bien voir que les difficultés de Joe Biden sont dues à l’obstruction systématique des républicains », rappelle Anne Deysine. « Certains républicains n’osent pas voter pour des projets objectivement bons pour le pays car ils sont soumis à la pression, au chantage de Donald Trump, au Sénat de Mitch Mc Connell et à la Chambre de Kevin McCarthy pour empêcher Biden de faire son programme très ambitieux », précise-t-elle.

Et cette spécialiste des Etats-Unis voit dans cette façon de fonctionner désormais banalisée un véritable danger pour les élections de mi-mandat de 2022 et, à plus long terme, pour la présidentielle de 2024. « Quand un républicain craint de perdre, il commence à dénoncer la fraude avant les résultats, comme l’avait fait Trump en 2020, et s’il perd, il va la dénoncer après », résume-t-elle.

Pour se faire respecter à l’étranger comme sur le plan intérieur, Joe Biden doit « faire en sorte que la démocratie ne soit pas détruite aux Etats-Unis », insiste Anne Deysine. Et donc, estime-t-elle, « faire adopter une loi sur le droit de vote qui empêche les républicains de faire n’importe quoi » et restaurer la confiance avec les alliés après l’annonce unilatérale du retrait d’Afghanistan.

Juliette Galeazzi, avec Jean-Philippe Schaller