Les derniers survivants de la rafle du Vel d'Hiv se souviennent, 80 ans après — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Ils ont été détenus dans des conditions d’hygiène déplorables, presque sans eau ni nourriture pendant cinq jours, avant d’être pour la majorité d’entre eux déportés vers les camps de concentration, essentiellement à Auschwitz. Moins d’une centaine en sont revenus.

La vidéo de l’INA consacrée à la rafle du Vel d’Hiv:

C’était il y a 80 ans. Les 16 et 17 juillet 1942, lors de la rafle du Vel d’Hiv, 13 000 personnes, dont 4 000 enfants, de confession juive étaient arrêtées par la police française à Paris. Retour sur l’un des événements les plus tragiques de l’Occupation. pic.twitter.com/JeA04fV8Nq

— INA.fr (@Inafr_officiel) July 15, 2022

Des enfants au moment des faits

Recueillir les témoignages des survivantes et des survivants est désormais une course contre la montre. « Que deviendra le travail de mémoire quand il n’y aura plus de survivants? On n’est plus nombreux, des gens de mon âge qui avaient 15 ans à l’époque », se souvient Joseph Schwartz.

Quand la police est venue frapper chez lui, dans l’Est parisien, Joseph n’y est plus. Prévenus qu’il se tramait quelque chose, son père et lui se sont cachés. Ils pensaient que sa mère et son petit frère ne risquaient rien, car les précédentes rafles ne prenaient que les hommes pour cibles. Mais cette fois-là, ils sont embarqués, ainsi que son père, qui s’est rendu dans l’espoir de les faire libérer. Joseph ne les a jamais revus.

Joseph, rescapé du Vel d’Hiv

« Vous quittez vos parents la veille, tout va bien, on vous embrasse, on fait attention à toi et le lendemain il n’y a plus personne », confie Joseph, 80 ans plus tard.

Appel à témoignages

Le Mémorial de la Shoah, qui rassemble des archives de victimes, a lancé un appel pour recueillir les récits des derniers témoins et survivants du Vel d’Hiv. « On a eu la surprise d’avoir une quarantaine de personnes qui se sont manifestées », confie Lior Lalieu-Smadja, cheffe du service photothèque du Mémorial.

Un rescapé du Vel d’Hiv

« Les derniers témoins qu’on a eus (…) n’avaient jamais témoigné, » a-t-elle ajouté. « Nous sommes 80 ans après les faits, c’est un devoir maintenant, je ne l’ai pas fait jusqu’à présent, je ressens comme un devoir, comme une urgence de le faire », a déclaré l’un d’eux.

Lior Lalieu-Smadja estime que le travail du Mémorial reste crucial pour faire vivre la mémoire des victimes, éduquer la société française et lutter contre la résurgence de l’antisémitisme.

Interviewé dans Forum, Laurent Joly, auteur d’un documentaire intitulé « La rafle du Vel d’Hiv, la honte et les larmes », reconnaît que cette commémoration est l’une des dernières avec des témoins directs de ce drame et que raconter ce qu’il s’est passé est très important. « Il y a très peu de livres de recherche sur le sujet, parce que les archives de la police ont été largement détruites. Il a fallu compenser ces destructions. »

Une décoration de la police jugée choquante

Pour Joseph Schwartz, le plus choquant 80 ans plus tard est le fait qu’après la libération de Paris, la police parisienne ait reçu une décoration pour son rôle dans la libération de la ville.

« Pour des gens comme moi qui ont vécu cette période, c’est un outrage à nos morts. Quand on sait encore que huit jours avant la libération de Paris, on craignait les rafles faites par la police française (…). J’avoue que vous avez de quoi être désabusé », a-t-il déclaré.

En 1995, le président Jacques Chirac avait rompu avec l’histoire officielle attribuant la responsabilité de la rafle aux seules autorités d’occupation en reconnaissant que l’Etat français y avait apporté son concours.

Revoir des témoignages de survivants datant de 2012

boi avec reuters