Les combats se poursuivent au Soudan malgré une prolongation de la trêve — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Peu avant l’expiration à minuit (22H00 GMT) d’un cessez-le-feu de trois jours, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », ont approuvé une prolongation de 72 heures de la trêve qui n’a quasiment jamais été respectée par les deux camps.

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Au Darfour, « la situation est toujours très tendue », raconte un habitant d’El-Geneina à l’AFP: « C’était un jour très difficile hier. Il n’y a plus de nourriture », parce que « les marchés ont été pillés ».

Depuis jeudi soir, avocats et médecins tirent la sonnette d’alarme pour la région du Darfour, située à la frontière avec le Tchad. A El-Geneina, des combattants ont sorti « mitraillettes, mitrailleuses lourdes et machines de tirs antiaériens » et « tirent des roquettes sur des maisons », rapporte l’ordre des avocats du Darfour.

L’ONU indique de son côté que « des armes sont distribuées » aux civils.

Premières évacuations

Quelque 50.000 enfants « souffrant de malnutrition aiguë » sont privés d’aide alimentaire au Darfour, avertit l’ONU qui y a suspendu ses activités après la mort de cinq humanitaires.

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Les premières évacuations d’expatriés de l’ONU et d’organisations humanitaires au Darfour ont débuté lundi. Peu après, les violences se sont accrues à El-Geneina, assure le syndicat des médecins évoquant un « massacre ».

Peu d’informations filtrent de cette région où une guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime d’Omar el-Béchir, déchu en 2019, et des insurgés issus de minorités ethniques a fait environ 300.000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

Violation de la trêve

Sur le front diplomatique, les deux généraux ont chacun déclaré avoir eu des échanges avec des dirigeants étrangers impliqués dans les pourparlers, incluant ceux des Etats-Unis, de l’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis, du Soudan du Sud et de l’Ethiopie.

Douchant les espoirs d’une transition démocratique, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils du pouvoir lors d’un putsch en 2021. Depuis, ils ne sont pas parvenus à s’accorder sur l’intégration des paramilitaires dans l’armée avant de finalement entrer en guerre l’un contre l’autre le 15 avril.

Les belligérants continuent de s’accuser mutuellement de violer la trêve. L’armée a même dénoncé des tirs des FSR sur un avion militaire turc venu évacuer des ressortissants au Soudan. Ankara a confirmé cette information, précisant que les tirs n’avaient fait aucun blessé, selon l’agence étatique Anadolu.

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afp/emve