L'écologie joyeuse du journaliste français Hugo Clément — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Il est également à la tête de « Sur le front », une série documentaire sur France Télévision dans laquelle il va à la rencontre des personnes qui consacrent leurs vies à protéger les écosystèmes. A tout juste 32 ans, le jeune homme a déjà écrit deux livres: « Comment j’ai arrêté de manger les animaux » et « Journal de guerre écologique« , des récits issus de ses enquêtes à travers le monde.

Hugo Clément est un journaliste engagé qui donne la parole aux militants et militantes. Ses prises de position lui valent parfois des prises de têtes: il a notamment été arrêté en Australie avec son équipe de reportage, alors qu’il enquêtait sur l’industrie du charbon, une facette que l’île-continent n’aime pas trop dévoiler.

Interviewé dans le 12h45, il dit prendre des risques mesurés: « Les gens qui prennent vraiment des risques, ce sont les militants, les activistes, les scientifiques qui vivent et ont leur famille sur place. Nous, on va en reportage puis on rentre chez nous ensuite. Dès qu’on s’en va, on n’est plus en danger. Il faut rendre hommage à ceux qui prennent vraiment des risques sur le terrain ».

Prise de conscience

Au départ, Hugo Clément n’était ni végétarien, ni écologiste, ni particulièrement fan des animaux. C’est grâce son métier qu’il explique avoir changé: « A travers les reportages que j’ai été amené à faire un peu partout en France et dans le monde. J’ai découvert de mes propres yeux ce dont je n’avais pas conscience… notamment l’impact de l’élevage intensif évidemment sur les animaux, mais aussi sur l’environnement. Et puis l’impact de toutes les autres activités humaines sur nos écosystèmes ».

C’est en voyant tout cela de ses propres yeux que la prise de conscience a petit à petit fait son chemin en lui: « J’ai décidé de consacrer mon métier à ce thème-là et de mettre en lumière les gens qui se battent sur le terrain et qui essaient de trouver des solutions ».

Le journalisme dit « constructif » lui tient à cœur: montrer ce qui ne va pas est important, mais pour lui, il faut aussi parler des solutions, après avoir parlé de ce qui ne va pas. Il faut « une part d’espoir, de propositions », affirme-t-il.

« Plus on est menacés, plus on est motivés », assène une militante qu’Hugo Clément a interrogé dans l’un de ses reportages. Lui-même a reçu des menaces de mort, mais cela ne le démotive aucunement: « Quand on reçoit beaucoup de menaces, c’est qu’on a touché un point sensible et qu’il faut persister ».

« Eviter la catastrophe qui nous pend au nez »

Hugo Clément reste optimiste: « J’ai une approche de l’écologie joyeuse. Je pense qu’il faut que tout cela soit joyeux et soit un mouvement collectif qui nous apporte aussi du bonheur de préserver notre environnement, d’aller vers un monde meilleur pour nous, pour les écosystèmes, pour les animaux. Il faut que ce soit quelque chose de joyeux! », préconise-t-il.

« Si l’écologie c’est – pardon du terme – chiant, si c’est en permanence rébarbatif, on n’y arrivera pas. Parce qu’on ne va pas réussir à inclure la majorité de la population dans ce combat-là. Il faut continuer à avoir de la joie de vivre, à être heureux, tout en se mobilisant sur le terrain pour essayer d’améliorer les choses ».

Son engagement est pour lui une manière de participer à la vie de la cité. Il ne se dit pas partisan: « Ce qui m’intéresse, c’est le combat pour l’environnement. C’est d’éviter la catastrophe qui nous pend au nez et que nous annonce les scientifiques. Et puis de faire que cette planète soit toujours habitable dans quelques décennies et dans quelques siècles pour nos descendants et pour les futurs humains ».

Interview et sujet TV: Julie Evard

Adaptation web: Stéphanie Jaquet