Le Nobel de la paix a récompensé vendredi trois représentants des sociétés civiles en Europe de l’Est, le militant biélorusse Ales Beliatski, l’ONG russe Memorial et le Centre ukrainien pour les libertés civiles.
« Le comité Nobel norvégien souhaite honorer trois champions remarquables des droits humains, de la démocratie et de la coexistence pacifique dans les trois pays voisins Biélorussie, Russie et Ukraine », a déclaré sa présidente Berit Reiss-Andersen.
Le 12h45 / 2 min. / 07.10.2023
Les lauréats « ont depuis des années promu le droit à critiquer le pouvoir et protéger les droits fondamentaux des citoyens », a-t-elle souligné.
« Ils ont accompli des efforts formidables pour documenter des crimes de guerre, des violations des droits humains et l’abus de pouvoir. Ensemble ils démontrent l’importance de la société civile pour la paix et la démocratie. »
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The Norwegian Nobel Committee has decided to award the 2022 #NobelPeacePrize to human rights advocate Ales Bialiatski from Belarus, the Russian human rights organisation Memorial and the Ukrainian human rights organisation Center for Civil Liberties. #NobelPrize pic.twitter.com/9YBdkJpDLU— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 7, 2022
La présidente du comité Nobel a immédiatement appelé la Biélorussie à libérer Ales Beliatski, 60 ans, emprisonné depuis juillet 2021. « Notre message est d’exhorter les autorités en Biélorussie à libérer M. Beliatski et nous espérons que cela se produira et qu’il viendra à Oslo pour recevoir le prix », a dit la présidente du comité.
« Mais il y a des milliers de prisonniers politiques en Biélorussie et je crains peut-être que mon souhait ne soit pas très réaliste. »
Le militant des droits humains Ales Beliatski photographié en novembre 2011 lors de son procès à Minsk. Il sera incarcéré jusqu’en 2014, puis de nouveau en juillet 2021, à chaque fois pour des motifs fiscaux. [AP Photo/Sergei Grits – Keystone].
Ce prix « n’est pas dirigé contre le président (russe Vladimir) Poutine, pour son anniversaire (ce vendredi) ou quoi que ce soit d’autre, à l’exception du fait que son gouvernement, comme celui de Biélorussie, est un gouvernement autoritaire qui s’attaque aux militants des droits humains », a-t-elle également affirmé.
En Russie, « la société civile et les défenseurs des droits humains sont réprimés et c’est ce que nous voulons signifier avec ce prix ». Memorial, une organisation de lutte contre les répressions dans la Russie contemporaine et d’enquête sur les purges soviétiques, a justement été dissoute par la justice russe l’hiver dernier.
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L’an dernier, le prix de la paix avait couronné deux champions de la liberté de la presse et de l’information, la journaliste philippine Maria Ressa et son confrère russe Dimitri Mouratov.
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Pour la cheffe de l’opposition Svetlana Tikhanovskaïa, le prix Nobel d’Ales Beliatski est la reconnaissance d’un combat des Biélorusses contre le régime d’Alexandre Loukachenko.
« Le prix est une reconnaissance importante pour tous les Biélorusses combattant pour la liberté et la démocratie », a-t-elle écrit sur Twitter. L’épouse du lauréat Natalia Pintchouk a de son côté dit être « submergée par l’émotion », saluant « la reconnaissance du travail d’Ales, de ses collaborateurs, de son organisation ».
« Nous sommes heureux », a réagi de son côté l’une des responsables du Centre ukrainien pour les libertés civiles, Olexandra Romantsova, tout en ajoutant avoir encore « un tas de travail à faire pour la victoire ».
ats/ami
Médaille d’or et chèque de 10 millions de couronnes
Le prix, qui consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de 10 millions de couronnes (924’000 francs suisses) à partager entre les lauréats, sera remis le 10 décembre à Oslo. La saison des Nobel 2022 s’achève lundi avec le prix d’économie, de création moins ancienne.
Ursula von der Leyen loue un « courage exceptionnel »
« Le comité du Prix Nobel de la paix a reconnu le courage exceptionnel des femmes et des hommes qui s’opposent à l’autocratie », a déclaré sur Twitter la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Ils montrent le véritable pouvoir de la société civile dans la lutte pour la démocratie », a-t-elle ajouté.
Le président français Emmanuel Macron a pour sa part salué sur le réseau social « des défenseurs indéfectibles des droits humains en Europe ». « Artisans de la paix, ils savent pouvoir compter sur le soutien de la France », a-t-il souligné.
Du côté biélorusse, la réaction n’est évidemment pas enthousiaste. « Ces dernières années, les décisions – et on parle du prix de la paix – sont tellement politisées qu’Alfred Nobel (fondateur des prix éponymes, ndlr) n’en peut plus de se retourner dans sa tombe », a réagi sur Twitter le porte-parole de la diplomatie de la Biélorussie, Anatoli Glaz.