Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU ferme les yeux sur le Xinjiang — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Un oui aurait constitué une première contre une grande puissance; en revanche, c’est seulement la deuxième fois en 16 années d’existence du Conseil des droits de l’homme qu’une motion est rejetée, après le rejet du renouvellement d’une investigation internationale sur le Yémen en 2021.

Symbole de l’importance de ce vote, la Chine, les pays africains et les pays latino-américains, qui ont rejeté l’ouverture de discussions, ont largement applaudi le résultat, s’attirant les remontrances du président du Conseil.

Crédibilité entachée

La décision rendue jeudi constitue un revers pour la communauté internationale, à tel point que certains observateurs jugent la crédibilité du Conseil des droits de l’homme entachée. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a elle dénoncé « un abandon de responsabilité » et une « trahison pour les victimes ouïghoures », mais elle relève également le nombre grandissant d’Etats qui souhaitent que la situation au Xinjiang soit abordée.

Cette réunion sur les violations des droits humains dans la province chinoise, qui devait se dérouler en février ou mars prochain, aurait dû constituer un suivi du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Celui-ci avait dénoncé de possibles crimes contre l’humanité contre les Ouïghours et d’autres minorités musulmanes.

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Un million de personnes dans des camps

Plus d’un million de personnes au moins seraient retenues dans des camps d’internement. Selon l’ONU, les accusations de torture, de soins contraints, de violences sexuelles dans les centres de détention ou encore de contrôle forcé des naissances « semblent crédibles ».

Le Haut-Commissariat dit que ces violations sont largement répandues, alors que la Chine affirme, elle, lutter contre le terrorisme grâce à ces camps « de travail ». De leur côté, les Etats-Unis, comme certaines ONG, parlent même de « génocide » contre ces communautés musulmanes.

La Suisse a dénoncé à plusieurs reprises les crimes au Xinjiang et souhaitait un suivi du rapport du Haut-Commissariat. Après sa remise, elle avait convoqué l’ambassadeur chinois.

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Un rapport « illégal » selon la Chine

En présentant le projet de décision, les Etats-Unis avaient tenté de désamorcer les doutes de certains Etats en affirmant que celui-ci ne « prenait pas position » sur le contenu, mais ne prévoyait qu’un dialogue. « Aucun pays, quelle que soit sa puissance, ne devrait être exempt » de la surveillance de ses droits humains, avait plaidé leur ambassadrice.

Son homologue chinois Chen Xu a lui fustigé une ingérence dans les affaires intérieures de son pays. Il dénonce une volonté de légitimer le rapport « illégal » de l’ONU et une « politisation » des droits humains, répétant les objections habituelles émises par son gouvernement. Mettant en garde contre de nouvelles « confrontations », il est parvenu à rallier les pays en développement qui, selon lui, seront « demain » victimes de manoeuvres similaires.

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Ces dernières semaines, Pékin a multiplié les offensives diplomatiques pour tenter d’éviter un projet de décision ou de résolution. Déclarations communes avec ses alliés devant le Conseil des droits de l’homme, conférence de presse de plus de deux heures d’une délégation du Xinjiang ou exposition controversée qui vantait la sécurité pour tous dans cette région, plusieurs approches ont été tentées.

Agences/vic