Le congrès du Parti communiste chinois, un moment clé pour Xi Jinping — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Valérie Niquet, responsable du pôle Asie de la Fondation pour la recherche stratégique, explique dans Tout un monde mercredi que le président actuel a déjà remporté son pari puisqu’une nomination à un troisième mandat est inédite depuis la fin de l’ère Mao. « Il n’y a jamais eu d’interdiction, une règle s’est simplement imposée, les secrétaires généraux étaient jusqu’à ce jour choisis pour 2 mandats. Le deuxième servait à choisir et à former son successeur, ce que Xi Jinping n’a pas fait. »

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Xi Jinping s’impose comme étant le coeur de la Chine

Cette situation ne signifie pas que son pouvoir est incontesté, rappelle la chercheuse en géopolitique. « Ce type de système politique, en apparence avec une très grande puissance, dissimule de nombreuses tensions non résolues. Même s’il conserve son pouvoir, cela ne résout en rien toutes les interrogations internes autour de la nature du système politique. »

En Chine, les articles de propagande rappellent que le Parti communiste doit être uni autour du noyau, du coeur, qui est Xi Jinping. En apparence, il n’a donc plus grand-chose à envier à Mao: « Il pourrait réussir à imposer au congrès de le désigner comme leader suprême ou comme grand timonier, mais cela m’étonnerait, car cela rappellerait des souvenirs anciens », analyse Valérie Niquet.

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Pour la politologue, l’enjeu principal se situe du côté de la recomposition du bureau du Parti communiste. « Là, il n’y a que quelques personnes autour de Xi Jinping, notamment le Premier ministre Li Keqiang. Ses propositions sont plus ouvertes. Reste donc à savoir si des personnes proches de lui seront nommées ou pas. Si Xi Jinping réussit à écarter toute possibilité de débat ou d’opposition de paroles au sein du comité permanent, cela ne sera pas un bon signe pour la Chine. La crainte, c’est de voir le système se fermer à la réalité et n’être plus capable de s’adapter aux tensions auxquelles il doit faire face. »

L’impact sur la scène internationale

Vis-à-vis de l’Occident, la Chine devrait probablement rester sur sa trajectoire de fermeture, notamment en raison de sa politique zéro-Covid, mais aussi en raison des tensions autour de Taïwan. « Aujourd’hui, la Chine n’a sans doute pas les moyens de se lancer dans la conquête de l’île même si Xi Jinping le souhaitait, mais elle va poursuivre ses stratégies d’influence », affirme Valérie Niquet.

Toujours selon la politologue, l’incapacité de Poutine à conquérir rapidement l’Ukraine et à donner un exemple de la force des autocraties déçoit la Chine. « Actuellement, on voit une sorte de retournement où la Chine ne lâcherait pas la Russie, mais serait de plus en plus modérée. Elle serait donc tentée de monnayer sa modération, en essayant d’obtenir une politique moins restrictive sur les exportations de technologie de la part des pays occidentaux et des Etats-Unis. »

Propos recueillis par Céline Tzaud

Adaptation web: Miroslav Mares