Le cinéaste suisse Alain Tanner est décédé à 92 ans — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Le premier long métrage d’Alain Tanner, « Charles mort ou vif » (1969), marque le début du cinéma d’auteur engagé en Suisse. Il sera suivi en 1971 par « La Salamandre », un film aux accents libertaires, qui devient un film culte. Ensuite, Alain Tanner est influencé par Jean-Luc Godard.

Il a tourné sans relâche de la fin des années 1960 jusqu’en 2004. Le Genevois a reçu de nombreux prix pour ses films à Locarno, Venise, Cannes et aux Etats-Unis. En 2014, les archives d’Alain Tanner sont entrées à la Cinémathèque suisse.

Alain Tanner a toujours considéré que faire du cinéma est un acte politique. Il a aussi prolongé son engagement au-delà du cinéma en s’impliquant notamment en faveur de la population palestinienne de Gaza.

Hommages à « un monument » du cinéma suisse

Pour le cinéaste suisse Jacob Berger, interrogé dans Forum,  Alain Tanner était un « réalisateur tendre et modeste mais extrêmement décidé ».  Il est parvenu trois fois à faire des films qui parlent à des générations. « Le monde entier a connu la Suisse et Alain Tanner grâce à « La Salamandre » (1971), un film qui avait l’esprit de 68 mais qui contrastait complètement avec les films faits en France ».

Voir aussi l’hommage en images de Jacob Berger

Il a ensuite tourné « Jonas qui aura vingt-cinq ans en l’an 2000 » (1976) « un film qui retentit sur la planète entière parce qu’il parle de la désillusion de 68 » et pour finir il tourne « Dans la ville blanche (1983), un film sur le désir de disparaître.

La Suisse perd un « monument de son cinéma », selon le directeur de la Cinémathèque suisse Frédéric Maire. Il salue la « rigueur » de son travail et un « activiste » qui a fait avancer le soutien public au film dans ce pays.

Le cinéaste genevois Jean-Jacques Lagrange salue en Alain Tanner, avec lequel il avait lancé le « Groupe des 5 » en 1968, « une forte personnalité et un homme très indépendant ». « Je reste seul », dit celui, né en 1929, qui est désormais le dernier des fondateurs du Groupe des 5 encore vivant.

Le Vaudois Lionel Baier relève sa notoriété à l’étranger et sa capacité à filmer « une violence suisse ». « Son écriture cinématographique était la plus reconnaissable », dotée de « cohérence » pour un homme de « conviction ».

ats/vkiss