Le CICR songe à une croix rouge numérique pour le cyberespace — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Lorsque les employés de la Croix-Rouge travaillent dans des zones de conflit, leur symbole (une croix ou un croissant rouge sur fond blanc) avertit qu’ils ne doivent pas être pris pour cible, ni ceux qu’ils secourent. Mais avec l’avènement du cyberespace en tant que nouveau champ de bataille, le CICR voudrait en créer une version numérique.

Une « vraie préoccupation » pour le CICR

Gilles Carbonnier, vice-président du CICR. [Pius Utomi Ekpei – ATP].

C’est parce que les guerres se déroulent aussi, désormais, sur ce terrain-là et que les cyberattaques s’y multiplient. « Elles ont augmenté pas seulement dans des situations de conflits armés, mais même en dehors », souligne le vice-président de l’organisation vendredi dans La matinale de la RTS. « Donc c’est vraiment une vraie préoccupation qui mérite l’étude que nous menons actuellement », poursuit Gilles Carbonnier.

Il s’agit d’étudier la faisabilité technologique de cet emblème protecteur dans le cyberespace et voir quels en sont les risques et les opportunités. « Car l’insigne de la Croix-Rouge a fait ses preuves », rappelle-t-il. Dans la grande majorité des conflits, sa protection symbolique se vérifie.

« L’ambition est que les Etats s’accordent pour protéger ces systèmes de cyberattaques dans le cadre de conflits armés », précise Gilles Carbonnier.

Pour pouvoir agir au niveau légal

Il ne s’agit pas de mettre en place une sorte de bouclier hermétique qui empêcherait l’intrusion dans les systèmes informatiques, mais d’agir au niveau légal.

« On doit prendre dans le cyberespace toutes sortes de mesures pour renforcer la cybersécurité des hôpitaux et de la mission médicale et humanitaire », rappelle le vice-président du CICR. « Mais il faut en même temps voir si l’on peut conférer une protection légale, au titre du droit international, contre ces attaques ».

Il s’agirait de faire en sorte que ceux qui commettraient de telles attaques doivent rendre des comptes devant la justice.

Pour que l’emblème numérique proposé par le CICR devienne réalité, il faudrait cependant que les nations du monde entier se mettent d’accord sur son utilisation et l’intègrent au droit humanitaire international.

oang avec Benjamin Luis et ats

Des emblèmes protecteurs depuis 150 ans

Les emblèmes protecteurs de la croix rouge et du croissant rouge sont utilisés depuis environ 150 ans.

S’y est rajouté plus récemment le cristal rouge pour les Etats souhaitant éviter toute signification religieuse. Il a été adopté en 2006 afin de permettre à la société de secours israélienne d’intégrer ce mouvement international.

Tous véhiculent le même message: pendant un conflit armé, les personnes qui portent un tel symbole ou les installations et les biens qui l’arborent doivent être protégés contre tout dommage et les attaquer constituent un crime de guerre.