Le blogueur saoudien Raif Badawi libéré après dix ans de prison

12 mars 2022

Le blogueur et militant saoudien Raif Badawi a été libéré après dix années de prison pour avoir prôné la fin de l’influence de la religion sur la vie publique en Arabie saoudite, où il était détenu.

« Raif m’a appelée, il est libre », a déclaré vendredi, très émue, sa femme, Ensaf Haidar. Une nouvelle confirmée par un responsable de la sécurité saoudienne à l’AFP sous couvert d’anonymat: « Oui, il a été libéré aujourd’hui », a indiqué cette source sans donner plus de détails.

Le journal horaire / 22h. / 33 sec. / 11.03.2022

Sur Twitter, une ancienne photo de Raif Badawi et ses enfants a été publiée vendredi en fin de journée sur le compte officiel du Saoudien, tenu par son fils. « Après 10 ans, mon père est libre! »

L’ancien lauréat du prix Reporters sans frontières pour la liberté de la presse avait été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant vingt semaines pour « insulte à l’islam ».

Aujourd’hui âgé de 38 ans, Raif Badawi était sorti de l’anonymat en 2015 lors d’une séance de flagellation sur une place publique en Arabie saoudite, qui avait choqué le monde pour son caractère « médiéval », selon l’expression d’une ministre suédoise à l’époque.

Un symbole pour la liberté d’expression

Raif Badawi est devenu un symbole de la liberté d’expression, dans un royaume ultraconservateur régi par une version rigoriste de l’islam. Sa femme et ses trois enfants, devenus citoyens canadiens, vivent au Québec. Ensaf Haidar se bat depuis des années pour la libération de son mari et pour qu’il puisse les rejoindre au Canada.

« Raif Badawi, défenseur des droits humains en Arabie saoudite, a enfin été libéré! », a tweeté Amnistie internationale Canada, parlant d’une « nouvelle tant attendue ».

« Vous vous êtes mobilisé.e.s par milliers à nos côtés dans la défense de Raif Badawi depuis 10 ans. Un grand merci à toutes et tous pour votre soutien sans relâche », a ajouté l’ONG.

Interdiction de quitter le territoire

Pour Colette Lelièvre d' »Amnistie internationale Canada », c’est un « grand soulagement ». « Ensaf perdait ses mots parce que c’était trop soudain. Elle a travaillé tellement fort pour libérer son mari que les émotions la submergent », raconte-t-elle vendredi après avoir parlé avec la femme de Raif Badawi.

L’organisation rappelle que le blogueur saoudien reste pour l’instant soumis à une interdiction de quitter le royaume pendant dix ans une fois sa peine purgée.

Le Québec a ouvert la voie à l’exil de Raif Badawi au Canada en le plaçant sur une liste prioritaire d’immigrants potentiels pour raisons humanitaires.

ats/iar