L'Australie dément avoir caché à la France sa volonté de renoncer à ses sous-marins — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Je pense qu’ils auraient eu toutes les raisons de savoir que nous avions de profondes et graves réserves quant au fait que les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques. Nous avions clairement indiqué que nous prendrions une décision basée sur notre intérêt stratégique national », a déclaré le Premier ministre Scott Morrison lors d’une conférence de presse à Sydney.

« Je ne regrette pas la décision de faire passer l’intérêt national de l’Australie en premier. Je ne le regretterai jamais », a-t-il ajouté, déclarant qu’il aurait été « négligent » d’aller de l’avant contre les conseils des services australiens de renseignement et de la défense.

Autonomie et maintenance problématiques pour l’Australie

Le ministre de la défense Peter Dutton a de son côté insisté sur le fait que Canberra avait été « franche, ouverte et honnête » avec la France sur ses préoccupations concernant l’accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard. Il a précisé avoir personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française Florence Parly.

Les sous-marins à propulsion nucléaire américains finalement choisis ont notamment une plus longue autonomie que les sous-marins à propulsion conventionnelle (diesel-électrique) que l’Australie avait convenu d’acheter à la France.

Selon Peter Dutton, Canberra n’était en outre pas en mesure d’acheter des navires à propulsion nucléaire français en raison des opérations de maintenance qui doivent avoir lieu tous les dix ans et prévoient un rechargement du combustible nucléaire. Ce n’est pas le cas avec les sous-marins américains, ce qui justifie le choix de ces derniers, alors que l’Australie ne dispose d’aucune centrale nucléaire.

56 milliards envolés pour la France

Les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni avaient annoncé mercredi un partenariat stratégique pour contrer la Chine, AUKUS, incluant la fourniture de sous-marins américains à propulsion nucléaire à Canberra.

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Cette annonce a sorti de fait la France du jeu, alors qu’elle avait pourtant signé en 2016 un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d’euros) pour la fourniture à l’Australie de 12 sous-marins à propulsion diesel. Cet achat était souvent qualifié de « contrat de siècle » en raison de son ampleur et de sa portée stratégique.

afp/vic