La Turquie abandonne officiellement un traité protégeant les femmes — Genève Vision, un nouveau point de vue

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La Convention d’Istanbul, qui date de 2011 et a été signée par 45 pays et l’Union européenne, est le premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir la violence sexiste.

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La décision prise par Recep Tayyip Erdogan de retirer son pays de ce traité, alors que les féminicides n’ont cessé d’augmenter depuis une décennie en Turquie, a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l’UE, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.

« Sape des valeurs familiales »

Le gouvernement turc a expliqué sa décision en soutenant que la Convention d’Istanbul « sape les valeurs familiales » et « normalise l’homosexualité », en raison de son appel à ne pas discriminer selon l’orientation sexuelle. Contrairement à de nombreux pays peuplés majoritairement de musulmans, l’homosexualité n’est pas illégale en Turquie, mais l’homophobie y est largement répandue.

Les observateurs estiment que la décision du président turc s’explique avant tout par sa volonté de rallier sa base électorale conservatrice dans un contexte de difficultés économiques.

Un plan d’action

Face aux critiques, le chef d’Etat turc a dévoilé jeudi un « plan d’action » pour lutter contre les violences domestiques, évoquant par exemple un passage en revue de l’arsenal législatif et une meilleure formation des magistrats à ces questions.

« Certains tentent de présenter notre retrait de la Convention d’Istanbul (…) comme un retour en arrière. Notre lutte contre la violence envers les femmes n’a pas commencé avec la convention et ne prendra pas fin avec ce retrait », s’est défendu Recep Tayyip Erdogan.

Le président a affirmé que la lutte contre les violences visait à « protéger l’honneur de nos mères et de nos filles ». Ce commentaire risque de susciter la colère des associations qui lui reprochent de réduire les femmes à la maternité.

afp/kkub