La Suisse pourrait finalement accueillir des civils ukrainiens blessés — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Alors que la guerre en Ukraine a déjà fait des milliers de morts et plus de 6500 blessés, selon les dernières estimations de l’ONU, Artem Rybchenko se refuse à parler du nombre de personnes que la Suisse pourrait accueillir. Pour l’Ukraine, l’important est surtout d’obtenir un oui de principe de la Confédération. Dans tous les cas, il s’agira de « respecter les possibilités d’accueil de la Suisse », précise l’ambassadeur.

Cette demande d’entraide humanitaire officielle change la donne, estime pour sa part le DFAE. « Pour nous la situation est complètement différente, maintenant qu’il y a une demande Ukraine. L’Ukraine dit aussi clairement qu’il s’agit seulement de personnes civiles. Dès le début on avait dit que s’il s’agit que des personnes civiles, il n’y a pas de problème du point de vue de la neutralité », justifie le secrétaire d’Etat adjoint au sein du DFAE Johannes Matyassy.

Demande d’accueil de 155 enfants malades

Par ailleurs, une deuxième demande a été déposée par l’ambassade d’Ukraine en Suisse. Celle-ci concerne l’accueil de 155 enfants gravement atteints dans leur santé.

La sollicitation spécifie que ces jeunes mineurs retourneraient ensuite en Ukraine une fois les soins promulgués. Ici aussi, le DFAE s’est prononcé favorablement.

Interprétation de la neutralité critiquée

La Confédération refusait jusqu’à présent d’accueillir des blessés ukrainiens, civils et militaires. La demande avait été faite en mai dernier par l’Otan, avec l’exigence d’un retour en Ukraine après le traitement médical pour les soldats qui se seraient retrouvés sur le front. C’est ce dernier point en particulier qui posait problème au regard de la neutralité, argumentaient les services d’Ignazio Cassis.

Cette interprétation intransigeante du droit international de la neutralité était très critiquée au sein de la classe politique, jusque dans le propre camp du conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères. « Je suis d’avis que la Suisse devrait, conformément à sa tradition humanitaire, accueillir et soigner les blessés », affirmait ainsi le président du PLR Thierry Burkart, dans une interview parue mercredi dans le Tages-Anzeiger.

Bientôt la fin de la polémique?

Le malaise était aussi palpable du côté des cantons. Consultés en mai par la Confédération, ceux-ci étaient favorables à l’accueil des blessés ukrainiens. Une position réaffirmée mardi par la Conférence des directeurs cantonaux de la santé: « D’un point de vue humanitaire, la prise en charge de civils aurait été souhaitable. »

D’autres organismes de la Confédération doivent encore se prononcer sur la demande de l’Ukraine. Mais les vives critiques exprimées ces derniers jours devraient désormais devenir obsolètes.

Mathieu Henderson/Julien Guillaume/Urs Leuthard/dk