La Suisse manque cruellement de spécialistes en cybersécurité — Genève Vision, un nouveau point de vue

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« Ça m’a énormément aidé pour comprendre comment ils attaquent une entreprise », explique-t-il samedi dans le 19h30 de la RTS. « Et ça permet maintenant, dans mon job actuel, d’être sur le côté défensif et de comprendre justement comment mieux défendre face à ces attaques. »

Le vivier des compétitions de hackers

Cet ingénieur en cybersécurité travaille pour un géant de l’industrie et il est courtisé de toutes parts. Car il n’y a que peu de profils comme le sien en Suisse romande. Les pontes de l’industrie les repèrent notamment dans des compétitions de hackers, de plus en plus répandues à travers le monde.

Pionnière de la sécurité informatique, la directrice de la Trust Valley Lennig Pedron peut en témoigner. « Aujourd’hui, c’est difficile de trouver ce type de profil sur le marché, c’est aussi difficile de les garder », souligne-t-elle « Recruter c’est une chose, savoir garder ses recrues en est une autre. »

Une « guerre des talents »

La concurrence est effectivement féroce. Ainsi à Genève, la banque Mirabaud vient de recruter un chef cybersécurité qu’elle a débauché chez Rolex.

« On n’est pas seulement en concurrence avec les autres banques, avec les autres employeurs du monde de la finance », explique la responsable RH du groupe Fanny Wenger. « On va être en concurrence avec le luxe, la pharma, l’industrie. Et effectivement, c’est vraiment une guerre des talents aujourd’hui ».

Difficile de capter les jeunes très tôt

Seule une centaine d’étudiants sont formés en cybersécurité chaque année dans les différentes écoles de Suisse romande. A la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), à Yverdon-les-Bains, on admet avoir de la difficulté à orienter les jeunes étudiants en informatique vers cette filière.

« C’est vraiment un monde captivant, mais on a de la peine à capter très tôt les jeunes qui sont plus dans les jeux vidéo ou autre chose qui les intéressent plus à ce moment-là de leur vie », constate le professeur Sylvain Pasini. « Et c’est par la suite qu’ils vont s’intéresser à protéger leur industrie. »

Pourtant, partout, la demande explose. Et l’armée suisse est la dernière à avoir fait état de ses besoins: elle cherche 370 experts pour former son prochain commandement cyber.

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Claude-Olivier Volluz/oang