La start-up genevoise SonarSource lève 412 millions et devient „quadruple licorne” — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Surtout, la société spécialisée dans le code informatique, qui réalisait déjà un chiffre d’affaires de 150 millions de francs, vient de muer en « licorne » – surnom donné aux entreprises technologiques valorisées à plus d’un milliard de dollars. Un tour de table de 412 millions la valorise à 4,7 milliards de dollars. « On est quatre fois licorne, presque cinq fois », sourit son très discret patron, Olivier Gaudin.

Le cofondateur de la start-up en 2008 cible désormais le milliard de chiffre d’affaires et envisage une entrée en bourse. Mais pas tout de suite: « Financièrement, on a largement dépassé le moment où l’on pourrait entrer au Nasdaq, par exemple. Notre produit est de très bonne qualité. Mais on a besoin d’étoffer encore un peu notre structure, pour développer l’aspect vente et marketing. »

Utilisé par la NASA

Son produit n’est pas connu du grand public, mais s’adresse aux développeurs de logiciels. Ils sont près de 5 millions aujourd’hui à utiliser les produits de SonarSource et environ 300’000 entreprises. Parmi elles, IBM, Microsoft, Barclays, Alphabet ou encore la NASA.

Des utilisateurs de marque, comme un gage de la qualité des solutions proposée dans la cité du bout du Léman. Selon Olivier Gaudin, la performance d’un logiciel est déterminée par le code source: « Il y a 15 ans, personne ne regardait la qualité d’un code source, on se contentait d’éponger les fuites après une inondation », illustre-t-il.

Un code source de mauvaise qualité va engendrer des problèmes tels que des difficultés de lecture du code, des bugs ou des failles de sécurité. Ses produits permettraient aux codeurs informatiques d’écrire non seulement des logiciels plus efficaces, dépourvus de bugs et de failles de sécurités, mais aussi de « nettoyer » les défauts du passé.

Potentiel d’économies

Ces outils de « clean code », ou de « code propre » en français, intéressent potentiellement un marché mondial immense. Et attire par la même occasion des investisseurs. Parmi eux, les fonds Advent International, General Catalyst, Insight Partners et Permira Growth Opportunities.

Deep Nishar, directeur de General Catalyst, une entreprise américaine de capital risque, semble convaincu de son placement. « Toutes les entreprises du monde intégrent du logiciel pour la production de leurs biens et services ».

Le marché est donc global. Dans un contexte de pénurie de développeurs, leur productivité pourrait être augmentée de 30%, selon lui: « Un développeur de logiciel passe en moyenne près de 60% de son temps à ‘débugger’ le code de quelqu’un d’autre! C’est donc dans leur intérêt évident d’écrire du code de meilleure qualité tout suite, pour eux-mêmes et pour les équipes qui viendront après. Si on rédige du bon code tout de suite, le potentiel d’économies est substantiel ».

Avec ces nouveaux investisseurs, la plus jeune licorne helvétique espère multiplier sa croissance par 10. L’objectif n’est pas utopique, car son marché est gros. C’est celui des 70 millions de développeurs de code informatique dans un monde où le logiciel prend une place toujours plus grande.

Pascal Jeannerat et Feriel Mestiri