L’armée russe défile mardi sur la place Rouge pour célébrer la victoire soviétique contre l’armée nazie. Le 9 mai est une date importante pour la population russe. La date est instrumentalisée aussi par le pouvoir, même si cette année, plusieurs défilés militaires ont été annulés.
Après 15 mois d’offensive en Ukraine, l’armée russe apparaît affaiblie par les pertes, les revers et les tensions entre l’état-major et les paramilitaires de Wagner. Elle reste enlisée dans son combat pour la prise de la ville de Bakhmout, épicentre des combats de l’Est depuis des mois.
La Matinale / 6h21 / 1 min. / 09.05.2023
Le président Vladimir Poutine, qui est attendu avec un discours devant des milliers de soldats au garde-à-vous sur la place Rouge, est lui isolé, honni des Occidentaux et visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Six dirigeants issus d’ex-républiques soviétiques assisteront à ses côtés à la parade avant de déposer ensemble des fleurs sur la tombe du soldat inconnu.
« Le 9 mai est la seule fête en Russie dont la mémoire est partagée par toute la population », explique Korine Amacher, professeure d’histoire russe et soviétique à l’Université de Genève, dans La Matinale de la RTS.
« C’est un événement qui suscite un sentiment de fierté nationale et c’est là-dessus que Vladimir Poutine s’est s’appuyé dès le début des années 2000 dans son oeuvre de retour de la grandeur russe ».
Ecouter l’interview de Korine Amacher, professeure d’histoire russe et soviétique à l’Université de Genève: La célébration de la victoire soviétique contre l’armée nazie instrumentalisée par Vladimir Poutine
Les commémorations se dérouleront aussi sous protection renforcée du fait de la multiplication des attaques en territoire russe attribuées à Kiev par Moscou. Elles se produisent alors qu’une vaste contre-offensive ukrainienne semble de plus en plus imminente.
L’attaque la plus spectaculaire, même si elle a soulevé beaucoup de questions, a été une frappe de deux drones contre le Kremlin la semaine dernière, que Moscou n’a pas hésité à qualifier de tentative d’assassinat contre Vladimir Poutine. L’Ukraine a démenti tout rôle dans cette opération, laissant entendre qu’il pouvait s’agir d’un mouvement rebelle russe ou d’une provocation du pouvoir.
Il y a eu également des frappes contre des installations énergétiques russes, des sabotages de voies ferrées et de multiples tentatives ou assassinats de personnalités, comme celle qui a blessé samedi l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine.
Des défilés et manifestations prévus dans plusieurs villes et régions russes ont été annulés, notamment dans les régions frontalières de l’Ukraine et en Crimée annexée, les autorités avançant un risque « terroriste ».
« Quand on a affaire à un Etat sponsor du terrorisme, de fait, il est mieux de prendre des mesures préventives », a justifié le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en référence à l’Ukraine. « Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer la sécurité » de la parade, a-t-il ajouté.
A Moscou, la grande parade militaire en présence de Vladimir Poutine aura bien lieu, même si la traditionnelle marche du « Régiment des Immortels » qui rassemble des dizaines de milliers de Russes dans les rues de la capitale a été annulée.
L’Ukraine a renoncé cette année à toute commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai, comme c’était la tradition soviétique. Cette victoire est désormais célébrée le 8 mai, comme le font les pays européens et ce 9 mai devient « la journée de l’Europe ».
« L’Ukraine veut continuer à commémorer la victoire sur l’Allemagne nazie, mais elle veut la commémorer avec les Européens et sans les Russes, d’où le choix du 8 mai », explique Korine Amacher.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est d’ailleurs arrivée mardi à Kiev pour réaffirmer « le soutien sans faille de l’UE à l’Ukraine ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui promis lundi à la Russie la « même » défaite que celle du régime d’Adolf Hitler à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.
Les précisions de Maurine Mercier, correspondante de RTSinfo à Kiev: L’Ukraine va renoncer à toute commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai
afp/edel
Au sein de l’élite militaire russe, les rivalités s’intensifient. A tel point que vendredi dernier, le chef de la milice privée russe Wagner, Evgueni Prigojine, a menacé de retirer ses troupes qui combattent à Bakhmout, avant de se raviser.
Dans une vidéo incendiaire à destination du ministère de la Défense, Evgueni Prigojine accuse l’état-major russe d’agir par jalousie et de ne pas livrer le matériel dont il a besoin, car si Wagner engrange des victoires, cela pourrait faire de l’ombre à l’armée régulière.