La province canadienne d'Alberta se met à rêver de souveraineté — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Le gouvernement aura même la possibilité de donner des directives aux municipalités, aux écoles, aux universités, ou à la police de violer délibérément les lois fédérales qu’il juge « dangereuses » pour la province. Cette législation irait ainsi plus loin que celle du Québec, pourtant province autonome du Canada.

Industrie pétrolière et gazière

Danielle Smith, Première ministre de l’Alberta, entend protéger de la sorte l’industrie pétrolière et gazière de la province, mais aussi débloquer les limites d’engrais pour l’agriculture. Elle veut également réglementer l’école ou bloquer l’application de lois fédérales sur les armes à feu.

De son côté, le gouvernement fédéral de Justin Trudeau attend de voir la manière dont cette loi sera appliquée avant d’agir.

« On va bien sûr scruter ça de très près. Mais on observe déjà de nombreux citoyens de l’Alberta s’inquiétant de cette possibilité d’un gouvernement provincial qui contourne le législatif sur toute une série de mesures », expliquait récemment Justin Trudeau.

Élections dans 6 mois

Le Premier ministre canadien peut compter sur deux facteurs qui pourraient disqualifier cette nouvelle législation. Premièrement, il sait que cette loi risque de donner lieu à de sérieuses batailles dans les tribunaux sur la question de sa constitutionnalité.

Ensuite, des élections sont prévues dans six mois en Alberta. L’opposition progressiste, en tête des sondages, crie à la dictature face à une Danielle Smith qui n’a été élue que par son parti (voir encadré), soit 1% des Albertains. Et, en cas de victoire, les progressistes pourraient finir par démanteler cette loi.

Cédric Guigon/asch

Danielle Smith, une politicienne controversée propulsée au pouvoir

Jason Kenney, chef du Parti Conservateur Uni de l’Alberta et Premier ministre de la province, a annoncé sa démission en mai dernier. Danielle Smith lui succède aux deux postes. Elle n’est donc « élue » que par les membres de son parti.

Danielle Smith est avocate, mais aussi animatrice de talk-show à la radio. Elle a émergé de la pandémie de Covid-19 avec des positions antivaccin et anti-pass sanitaire.

Ses opposants la taxent de complotiste, avec par exemple des déclarations controversées sur le Covid ou sur l’implication de l’Otan dans le déclenchement de la guerre en Ukraine.

La Première minsitre Danielle Smith provoque des inquiétudes jusque dans son propre camp. Son prédécesseur Jason Kenney a décidé de démissionner de son poste de parlementaire peu après le lancement du projet de loi sur la souveraineté, invoquant des dérives démocratiques.