La nouvelle „Liste rouge” des espèces menacées alerte d'une extinction de masse — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Parmi les espèces emblématiques, les dragons de Komodo, plus grand lézard au monde, ont vu leur statut passer de « vulnérable », la plus basse des catégories trois catégories d’espèces menacées, à « en danger ».

L’UICN avertit notamment qu’en raison du changement climatique et de la hausse du niveau de la mer, près d’un tiers de leur habitat principal – un vaste parc naturel qui couvre une partie des îles en Indonésie – pourrait être détruit dans les 45 prochaines années. En outre, les dragons de Komodo vivant hors de ce parc naturel voient leur habitat menacé par l’activité humaine.

Des « bonnes mesures » pour « retourner la situation »

Les requins et raies sont également les grandes victimes de l’activité humaine, par le changement climatique mais surtout la surpêche et la dégradation de leur habitat. Une réévaluation globale de la situation a montré que 37% sont désormais dans les catégories menacées, contre 24% en 2014.

A contrario, l’UICN se félicite de voir « quatre espèces de thon pêchées commercialement en voie de récupération grâce à la mise en oeuvre de quotas régionaux ». Sur les sept espèces les plus pêchées, ces quatre ont vu leur classement redescendre dans la liste. Mais l’organisation prévient « qu’en dépit d’une amélioration globale, de nombreux stocks régionaux de thon restent appauvris ».

Ainsi, « ces évaluations de la Liste rouge démontrent à quel point nos vies et nos moyens d’existence sont étroitement liés à la biodiversité », a souligné mardi le directeur général de l’UICN Bruno Oberle, lors d’une conférence de presse. Mais il a également estimé que cette mise à jour démontrait que « si les Etats et d’autres acteurs adoptent les bonnes mesures, il est possible de retourner la situation » pour certaines espèces.

« Sixième extinction de masse »

Pour autant, « la nature est en danger », a insisté Jane Smart, directrice de la biodiversité de l’UICN, en souhaitant que « la planète toute entière avance vers une gestion soutenable ».

L’UICN a présenté aussi son nouveau « Statut vert des espèces », destiné à mesurer la régénération des espèces et connaître l’impact des programmes de conservation. Il compte pour l’instant 181 espèces évaluées, encore loin de la Liste rouge à laquelle il sera par la suite intégré.

Mais malgré les succès, la nouvelle Liste rouge « montre que nous sommes tout près d’une sixième extinction de masse », insiste Craig Hilton-Taylor, responsable de son élaboration. « Si l’augmentation se poursuit à ce rythme, nous serons bientôt confrontés à une crise majeure ».

ats/jop

Voir aussi l’interview de Sarah Paerson Perret, directrice de Pro Natura suisse et représentante de Pro Natura auprès de L’UICN

La « Liste rouge », indicateur majeur et rigoureux

La « Liste rouge des espèces menacées » de l’Union internationale pour la conservation de la nature recense plus de 138’000 espèces, et constitue un des principaux indicateurs de l’état du vivant sur notre planète.

Depuis sa première publication en 1964, elle classe chaque espèce étudiée parmi neuf catégories. Les moins inquiétantes: « Non évaluée, Données insuffisantes, Préoccupation mineure, Quasi menacée ». Puis trois catégories d’espèces menacées: « Vulnérable, En danger, En danger critique ». Et enfin celles qui sont « Éteinte à l’état sauvage » ou définitivement « Éteinte ».

La classification dans l’une des trois catégories menacées d’extinction s’effectue selon cinq critères basés sur différents facteurs associés au risque: taille de population, taux de déclin, aire de répartition géographique, degré de peuplement et de fragmentation de la répartition. Critères qui selon certains experts manquent de souplesse pour prendre en compte tous les facteurs qui peuvent influer sur l’état d’une espèce spécifique.

Chaque espèce ou sous-espèce est étudiée séparément, certaines bénéficiant de groupes spécialisés, comme les grands félins par exemple.

Les évaluations par type d’espèce (mammifères, oiseaux, plantes, coraux, poissons…) sont par ailleurs agrégées dans un « index », qui permet de suivre les tendances globales de survie de ces espèces sur la durée.

Les espèces les mieux documentées sont selon l’UICN celles des écosystèmes terrestres, notamment forestiers. Les poissons, a contrario, sont relativement mal connus. L’UICN affiche l’objectif d’arriver dans les prochaines années à 160’000 espèces étudiées.

Le congrès de l’UICN est l’occasion de multiplier les messages sur le lien entre l’effondrement en cours de la biodiversité et les activités et conditions de vie humaines sur une planète également menacées par le changement climatique.