La Hongrie n'est plus une véritable démocratie, dénonce le Parlement européen — Genève Vision, un nouveau point de vue

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La Hongrie est dirigée depuis 2010 par le Premier ministre nationaliste et ultra-conservateur Viktor Orban, 59 ans, qui revendique l’exercice d’une « démocratie illibérale » et entretient des liens de coopération avec la Russie de Vladimir Poutine.

« Les choses ont dramatiquement évolué » en Hongrie ces dernières années, a souligné Gwendoline Delbos-Corfield lors d’un débat dans l’hémicycle mercredi, relevant notamment que « l’indépendance de la justice est aussi peu probable en Hongrie qu’elle ne l’est en Pologne ».

Gwendoline Delbos-Corfield, eurodéputée écologiste française

Violation des droits

« Nous savons que c’est la famille même d’Orban qui récupère les fonds européens », indique la députée écologiste, citant également « les restrictions des droits parlementaires », l’espionnage des journalistes, la mainmise gouvernementale sur les universités, la « loi infamante » contre les personnes LGBT+ « qui ressemble aux lois poutiniennes », mais aussi le durcissement des conditions d’avortement.

Les eurodéputés appellent la Commission à ne pas approuver le plan de relance pour la Hongrie, à savoir plusieurs milliards d’euros prévus pour les pays qui ont souffert de la pandémie du Covid-19. Les députés demandent également d’exclure des financements les programmes qui pourraient violer l’Etat de droit et abuser des fonds de l’UE.

Sur le sujet : Le versement des fonds de l’UE sera lié au respect de l’Etat de droit

Actes manqués

« Depuis des années, nous évitons de définir ce qui se passe en Hongrie, de nommer précisément le régime du gouvernement hongrois (…) parce que dans nos textes il est très clair que les décisions prises au Conseil sont des décisions qui sont prises par 27 Etats démocratiques », a déclaré Gwendoline Delbos-Corfield.

🇫🇷 Un constat sans appel rendu par @Europarl_FR aujourd’hui:

La #Hongrie ne peut plus être considérée comme un état démocratique.

C’est la conclusion du rapport intermédiaire sur l’#EtatdeDroit en 🇭🇺, adopté par une large majorité ⤵️ pic.twitter.com/NL5VMqRbHo

— Gwendoline Delbos-Corfield (@GDelbosCorfield) September 15, 2022

Dans son rapport, le Parlement européen « regrette profondément que l’absence d’action décisive de la part de l’Union ait contribué au délitement de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits fondamentaux en Hongrie, faisant du pays un régime hybride d’autocratie électorale, comme le montrent les indicateurs les plus pertinents ».

Les retards d’action du Conseil ne seront plus tolérés, précise le rapport. Si les valeurs de l’Union européenne venaient à être transgressées à nouveau, il s’agirait d’une violation des principes d’Etat de droit par le Conseil lui-même.

A lire : le communiqué de presse du parlement européen

Pour rappel, le Parlement européen a déclenché en 2018 une procédure à l’encontre de la Hongrie pour « risque de violation grave des valeurs européennes » (Article 7 du Traité), qui peut en principe aller jusqu’à priver le pays de son droit de vote au Conseil.

ats/rad

« Insulte envers les Hongrois »

En fin de journée, Budapest a dénoncé ce vote, « une insulte » envers les Hongrois, selon le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto.

« Je considère comme insultant envers les Hongrois que l’on questionne la capacité de la Hongrie à la démocratie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Budapest, s’étonnant que « certains » à Strasbourg et Bruxelles « rabaissent » son pays.