La guerre d'influence redouble entre l'Occident et la Russie en Afrique — Genève Vision, un nouveau point de vue

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A Cotonou, capitale du Bénin (ancienne colonie française), le président français a accusé la Russie d’être « l’une des dernières puissances impériales coloniales » et de mener une nouvelle forme de « guerre hybride » dans le monde.

Emmanuel Macron a du reste multiplié les critiques envers Moscou durant son voyage en Afrique. Il l’a pointée également du doigt pour son activisme, notamment par l’intermédiaire du sulfureux groupe paramilitaire Wagner, qui vient, selon lui, « en soutien soit à des pouvoirs politiques affaiblis qui ont du mal à s’assumer soit à des juntes illégitimes », en Centrafrique et au Mali.

Lire: Quand les mercenaires russes de Wagner déboisent la forêt centrafricaine

Répondant à distance, le ministre russe des Affaires étrangères a affirmé en Ouganda que la Russie n’était pas responsable des « crises de l’énergie et des denrées alimentaires », dénonçant « une campagne très bruyante autour de cela ».

Le rôle toujours plus marqué des djihadistes

Interrogé dimanche soir dans l’émission Forum de la RTS, le journaliste Antoine Glaser met également en lumière le rôle des djihadistes comme c’est le cas actuellement au Mali (lire encadré). « Ils ont réussi à faire fuir l’ensemble des Occidentaux, pas simplement les militaires ».

Ce spécialiste de l’Afrique souligne que l’on est désormais « dans une nouvelle période historique, post-coloniale, multipolaire », sur le continent. Et les pays africains considèrent qu’ils sont eux aussi des victimes de la guerre en Ukraine. A l’instar du président camerounais Paul Biya, plusieurs dirigeants africains ne condamnent du reste pas officiellement l’intervention russe.

« Ils ne veulent plus du tout suivre les Occidentaux », poursuit Antoine Glaser. « On sent qu’il y a un véritable agacement, particulièrement vis-à-vis de la France mais aussi des autres pays européens. Les Etats africains considèrent qu’ils n’ont pas à choisir [un camp ou un autre], ils considèrent que l’Afrique est mondialisée. »

L’urgence née de la guerre en Ukraine

Et dans cette nouvelle situation géostratégique, « l’Afrique doit peser en tant que continent et non pas en tant qu’allié de la France ou d’autres anciennes puissances coloniales », souligne encore le journaliste. « On ne peut pas revenir en arrière. »

La France s’est un peu endormie dans son ancien pré carré, rappelle Antoine Glaser. « Et si Emmanuel Macron se réengage dans cette région, c’est parce qu’il y a urgence, en particulier depuis la guerre en Ukraine, vis-à-vis de la Russie. »

Chinois et Russes main dans la main

Mais il y a encore une autre influence de plus en plus pressante, celle de Pékin. Or en Afrique, « Chinois et Russes marchent ensemble », note ce spécialiste: la Chine sur le plan économique et la Russie sur le plan militaire et sécuritaire. Et vous verrez qu’ils vont faire pression pour que les Africains, d’une façon ou d’une autre, aient au moins un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies », assure-t-il.

oang avec afp

« Montrer aux Africains leur rôle géostratégique essentiel »

Le chef de la diplomatie américaine va voyager en août en Afrique du Sud, en République démocratique du Congo et au Rwanda, a annoncé vendredi le département d’Etat.

Antony Blinken aura pour but de montrer « aux pays africains qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d’un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales », a indiqué le département d’Etat dans un communiqué.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, se rendra de son côté, en août également, au Ghana et en Ouganda.

Multiplication des attaques djihadistes au Mali

Au moins 15 soldats maliens et trois civils ont été tués mercredi dans trois attaques coordonnées et attribuées à des « terroristes », ce qui porte à 11 le nombre de personnes tuées en moins d’une semaine.

Les événements se sont déroulés à Kalumba, près de la frontière mauritanienne, ainsi qu’à Sokolo et à Mopti, dans le centre du Mali.

Ces attaques interviennent cinq jours après celle de Kati, au coeur de l’appareil militaire malien, revendiquée par les djihadistes de la Katiba Macina, affiliée à Al-Qaïda.

La veille, une série de raids quasi-simultanés attribués à des djihadistes avaient déjà frappé six localités différentes du Mali.

C’est la première fois depuis 2012 que des attaques aussi coordonnées se déroulent en si grand nombre, dont certaines proches de la capitale.

Les précisions de Kaourou Magassa dans Forum:

https://www.genevevision.ch/wp-content/uploads/2022/08/forum-du-31-07-2022.mp3

Lire aussi: Al-Qaïda fait monter la pression au Mali en multipliant les attaques