Le président français Emmanuel Macron est venu « reconnaître les responsabilités » de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda, dans un discours prononcé jeudi au mémorial du génocide à Kigali.
La France « n’a pas été complice » mais elle a fait « trop longtemps prévaloir le silence sur l’examen de la vérité », a-t-il déclaré, en ajoutant que « seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent peut-être pardonner, nous faire le don de nous pardonner ».
Ce discours très attendu a été tenu à l’occasion d’une visite officielle au Rwanda présentée comme l’ »étape finale de normalisation des relations » entre les deux pays, après plus de 25 ans de tensions liées au rôle joué par la France dans cette tragédie, qui a fait au moins 800’000 morts, essentiellement Tutsi, entre avril et juillet 1994.
Le 12h45 / 2 min. / 27.05.2021
« En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, ce jour, je viens reconnaître nos responsabilités », a déclaré Emmanuel Macron dans cette allocution empreinte de solennité, prononcée après une visite du musée du mémorial.
« Reconnaître ce passé, c’est aussi et surtout poursuivre l’oeuvre de justice. En nous engageant à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper au travail des juges », a-t-il ajouté.
Le président français a toutefois estimé que la France « n’a pas été complice ». « Les tueurs qui hantaient les marais, les collines, les églises n’avaient pas le visage de la France », a-t-il déclaré: « Le sang qui a coulé n’a pas déshonoré ses armes ni les mains de ses soldats qui ont eux aussi vu de leurs yeux l’innommable, pansé des blessures, et étouffé leurs larmes. »
Le discours tenu par Emmanuel Macron était un acte d' »immense courage » qui a « plus de valeur que des excuses », a déclaré le président rwandais Paul Kagame lors d’une conférence de presse commune.
La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda a été un sujet brûlant pendant des années, conduisant même à une rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali entre 2006 et 2009.
Un rapport d’historiens publié en mars et dirigé par Vincent Duclert a conclu à des « responsabilités lourdes et accablantes » de la France et à l' »aveuglement » du président socialiste de l’époque François Mitterrand et de son entourage face à la dérive raciste et génocidaire du gouvernement hutu que soutenait alors Paris.
ats/gma