La France et ses partenaires annoncent leur retrait militaire du Mali — Genève Vision, un nouveau point de vue

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Paris et ses partenaires souhaitent toutefois « rester engagés dans la région » sahélienne et « étendre leur soutien aux pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest » pour contenir la menace djihadiste. Les « paramètres » de cette réorganisation seront arrêtés « d’ici juin 2022 ».

Revoir également le reportage du 19h30: Mali: la France poussée vers la sortie. Son ambassadeur a quitté Bamako, la capitale

Présence depuis 2013

La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes djihadistes qui sévissent aussi dans d’autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et a ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.

Mais malgré des victoires tactiques, le terrain n’a jamais été véritablement repris par l’Etat malien et ses forces armées.

Facteur aggravant, le gouvernement malien a été renversé lors d’un double coup d’Etat en 2020 et en 2021, aboutissant à l’arrivée au pouvoir d’une junte qui refuse d’organiser des élections avant plusieurs années et qui surfe sur un sentiment antifrançais croissant dans la région.

Mises au ban par les Etats ouest-africains, les autorités maliennes fustigent la présence militaire occidentale sur leur sol et font désormais appel, selon les Européens, aux mercenaires russes de la société Wagner.

Quelque 25’000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4300 Français (2400 au Mali dans le cadre de Barkhane), selon l’Elysée. Le pays accueille aussi 15’000 soldats de l’ONU au sein de la Minusma, dont l’avenir est désormais en suspens puisqu’elle comptait sur un large soutien de Barkhane.

Lire aussi: Le Mali formalise son dialogue avec les djihadistes, au grand dam de la France

Réorganisation dans d’autres régions

Le Mali était au coeur du dispositif antiterroriste français et européen au Sahel. Emmanuel Macron avait déjà décidé d’amorcer à l’été 2021 une réduction des effectifs français au profit d’un dispositif régional moins visible, mais ce départ contraint du pays va forcer Paris à accélérer cette réorganisation dans d’autres pays de la région menacés par la contagion djihadiste, notamment dans le golfe de Guinée.

« Nous considérons que la lutte contre le terrorisme est quelque chose d’essentiel pour le Mali, pour le Burkina, pour le Niger et pour les pays côtiers », a assuré le président ivoirien Alassane Ouattara mercredi sur RFI et France 24.

« Le départ de Barkhane et de Takuba (groupement de forces spéciales européennes, NDLR) crée un vide. Nous serons obligés d’acheter des armes, d’avoir une plus grande professionnalisation mais c’est notre devoir aussi. Les armées nationales doivent régler les problèmes sur nos territoires nationaux et c’est cela notre philosophie », a-t-il estimé.

« Nous avons besoin de réinventer notre partenariat militaire avec ces pays », a souligné mardi la présidence française. « Il ne s’agit pas de déplacer ce qui se fait au Mali ailleurs, mais de renforcer ce qu’on fait au Niger et de soutenir davantage le flanc sud », a-t-elle ajouté.

afp/ther

Emmanuel Macron récuse l’idée d’échec

Le président français Emmanuel Macron « récuse complètement » l’idée d’un échec français au Mali, a-t-il réagi lors d’une conférence de presse.

« Que se serait-il passé en 2013 si la France n’avait pas fait le choix d’intervenir? Vous auriez à coup sûr un effondrement de l’Etat malien », a-t-il fait valoir, en ajoutant qu’ »ensuite nos militaires ont obtenu de nombreux succès », dont l’élimination de l’émir d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) en juin 2020.